"Dust And Dreams" est le premier opus sorti après la reformation de Camel autour d’Andrew Latimer son leader. C’est donc 8 ans après "Stationary Traveller" et après de nombreux déboires notamment avec les maisons de disques que sort ce onzième album studio. Et comme souvent avec Camel il s’agit d’un concept-album. Il est cette fois basé sur le roman de John Steinbeck « Les Raisins de la Colère » qui traite des difficultés du peuple américain durant la récession des années 30. Un thème délicat moins personnel que pour "Harbour Of Tears" mais musicalement très intéressant.
L’album s’ouvre sur 'Dust Bowl' (qui est un phénomène climatique alliant sécheresse et grands vents ayant causé quelques gros soucis aux agriculteurs dans le sud des Etats-Unis) avec justement le bruit du vent jouant avec ce qu’on imagine être un panneau suspendu… Au premier abord, c’est l’aspect symphonique et assez instrumental de l’ensemble qui frappe. C’est beau, pas du tout axé sur la merveilleuse guitare de Latimer comme on aurait pu s’y attendre, mais au contraire formidablement homogène. Tous les morceaux sont imprégnés d’une réelle force émotionnelle, et on sent que c’est avant tout ce qu’a recherché la formation. Pas de doute c’est réussi ! On se laisse sans difficulté submerger par cette ambiance.
Difficile d’extraire quelques titres, tellement la cohérence de l’ensemble est de mise, mais on peut citer 'Go West' sur laquelle Andrew prouve que sans être techniquement un grand chanteur, on peut faire passer l’émotion. Mais également, l’énergique 'Mother Road', le délicat 'Needles' avec son harmonica, le touchant 'Rose Of Sharon' avec sa voix féminine, le plus long 'End Of The Line' ou l’excellent instrumental 'Hopeless Anger'. Il est évident que ce "Dust And Dreams" est dans son intégralité un régal pour nos oreilles, une œuvre touchante, mélancolique, et surtout en aucun cas ternie par le moindre mauvais morceau.
Oui, ce Camel-là n’a plus grand-chose à voir avec celui des années 70, moins typiquement progressif et plus axé sur les ambiances. On y trouve moins de prouesses musicales sans doute, mais les émotions sont, elles, toujours au rendez-vous. Une chose n’a en revanche pas changé, c’est toujours un vrai régal que d’écouter Andrew Latimer nous gratifier de ses petits soli dont il a le secret.