Woodkid est un artiste tout à fait singulier. Derrière ce pseudonyme se cache Yoann Lemoine, jeune réalisateur de talent ayant travaillé avec des "grands noms" de la Pop Dance moderne comme Katy Perry ou Taylor Swift (qui aurait cru pouvoir lire un jour ces noms sur Music Waves !) et qui s'est lancé dans l'écriture de son premier album il y a 2 ans, en 2011. Il prend tout son temps pour réaliser et perfectionner ce premier album, fait monter la sauce sur le plan médiatique et sort son premier EP, "Iron" en 2011 qui annonce clairement son style proche d'une Pop très symphonique grandiloquente en raison de son évident aspect baroque puis "Run Boy Run" en 2012. En 2013 sort "The Golden Age", très attendu par la critique et le public et qui, démontrant de toute l'efficacité d'un savant battage médiatique, va être un véritable succès en devenant rapidement disque d'or.
Et pour une fois, ce succès est mérité ! En effet, Woodkid est le créateur d'une musique très particulière, se situant (même si chercher de véritables références est peine perdue tant l'objet est atypique) à la croisée de Dead Can Dance pour la part symphonique et Coldplay pour le côté pop. Il faut savoir que cette galette ne porte pas son nom pour rien car "The Golden Age" n'est autre qu'un concept album traitant du passage de l'enfance à l'âge adulte. Et ce fameux âge d'or, temps de l'insouciance et de la pureté, est à l'image de l'univers épuré développé par l'artiste, fait de noir et de blanc. Ce dernier a par ailleurs réalisé les clips des trois singles de l'album (que nous vous incitons à aller voir), 'Iron', 'Run Boy Run' et 'I Love You', signalant son statut de projet mené par un homme en particulier.
Sur le plan musical, un contraste s'effectue entre la voix discrète, assez grave et toute particulière de Yoann Lemoine et les arrangements et ornements écrasants exposés à travers des timbres baroques (timbales, orgues...) comme pour souligner l'impuissance de l'être humain face à ce passage obligé vers l'âge adulte. Il faut savoir que l'album ne contient aucun instrument "Rock" classique, la quasi totalité des morceaux étant réalisé par un orchestre de chambre. "The Golden Age" offre son lot d'émotions et de frissons par une utilisation judicieuse et novatrice des percussions couplées à des cordes ('The Golden Age') et des cuivres ('The Great Escape'), portés par des arrangements très fins basés sur de nombreuses modalisations majeur/mineur.
Entre le titre éponyme, parfait résumé des qualités de l'album, 'I Love You' et sa mélancolie toute romantique ou 'Iron' et ses accents apocalyptiques, Yoann Lemoine nous dévoile un univers cohérent et personnel, légèrement redondant mais jamais ennuyeux malgré quelques temps morts ('The Shore', 'Shadows' ou 'The Other Side'). Nous sommes ici face à des compositions Pop réalisées entièrement à l'aide d'instruments classiques pour un résultat tout simplement magistral.
Vulgarisation de la musique dite "classique" à but commercial ou réelle innovation dans le paysage de la musique populaire ? En tout cas, "The Golden Age" est une perle et vaut réellement le détour rien que pour comprendre l'engouement général que suscite cet artiste. L'accession d'un concept album à une telle popularité, sans être une première, est assez exceptionnelle pour être soulignée. "The Golden Age" est, à la manière de "Homework" de Daft Punk il y a 16 ans, un album qui, bien qu'imparfait, est appelé à changer le paysage musical actuel.