Antonello Giliberto est un guitariste très influencé par la musique baroque et ses thuriféraires guitaristiques, Yngwie Malmsteen en tête. Le mouvement néo-classique, ayant eu ses lettres de noblesse grâce au suédois qui s’est lui-même nourri du style de Ritchie Blackmore, a inspiré de nombreux musiciens comme Tony Mc Alpine, Vinnie Moore ou Joey Tafolla. Dans un style extrêmement balisé, qui ne brille pas par l’originalité de ses interprétations il est bien difficile de se distinguer. Le jeune sicilien prend les paris avec un premier album intitulé The Mansion Of Lost Souls.
Les espoirs sont légitimes à l’écoute du premier titre "Equinox" qui sort légèrement des sentiers battus du genre avec plus de modernisme. Les double-pédales et les tempi linéaires sont toujours là, de même pour les chorus en gamme mineure harmonique, mais les riffs sont plus teigneux et dépoussièrent temporairement les brocarts et les chemises à jabot. "Lotus Effect" persiste avec une belle densité métal finissant par des incursions orientales avant que les vieux réflexes ne resurgissent dès le titre éponyme.
Il en est de même avec "The Power Of The Whip" ou certaines parties de "Flight Of The Sleeper" et "Rise Of The Titans" qui proposent en sus quelques digressions salvatrices. L’italien ne se laisse pas totalement enfermer dans le tropisme malmsteenien si profondément ancré dans l’approche du métal néo-classique. Les finesses dans les ballades "Commiato", "Ballad n°3" ou "Dream Of The Dead Tree" font de The Mansion Of Lost Souls un disque plutôt varié et soigné. Reste l’épineux sujet de la production qui demeure le point faible de l’album rendant difficile l’écoute des morceaux les plus saturés.
En étant plus audacieux et émancipé que la plupart des albums de guitare néo-classique The Mansion Of Lost Souls réussit à accrocher au-delà des amateurs orthodoxes d’un style fortement ankylosé. Malheureusement l’enregistrement de l’album, principalement au niveau de la guitare et de la batterie, rend paradoxalement plus éprouvante la digestion de celui-ci qu’un opus de pure obédience. Pour un premier album, l’indulgence est permise et les espoirs encore entiers.