"Tintinabulation" sort en 1996 mais For Absent Friends ne parvient toujours pas à se sortir de ce son 80's apporté par ce clavier désormais typique et cette production d'une froideur presque antarctique. Heureusement, une fois dépassés ces petits défauts, les hollandais laissent percevoir une certaine classe voire une élégance d'écriture toujours au rendez-vous.
Nous retrouvons donc la bande d'Edwin Roes avec les cinq mêmes musiciens qui offrent toujours ce néo prog très sage et très mélodique. La musique paraît assez simple, loin des prouesses techniques et des digressions jazzy ou baroques de certains de leurs homologues. Une fois encore For Absent Friends refuse de prendre le moindre risque en se cantonnant dans ce qu'ils sait faire, à savoir un néo prog flirtant avec le hard rock FM façon années 80. Quelques solos du maître Edwin Roes permettent de sortir un peu de la nasse. L'instrumental bluesy 'Way Out Of Line', le solo inspiré de 'Too Late' ou plusieurs passages de 'Boy' ont cet effet salvateur. La basse de Rene Bacchus fait toujours son œuvre en apportant un peu d'âme et de groove dans une musique qui manque cruellement de relief. Le chant d'Alex Toonen est toujours agréable mais assez plat, participant ainsi au caractère mollasson de l'album en général. Ce sera d'ailleurs le dernier album de Toonen qui sera remplacé 2 ans plus tard par Hans Van Lint.
Quelques belles idées fleurissent toutefois ici et là comme avec un 'Boy' pour le coup assez varié voire rythmé par moment. Le solo y est fort plaisant même s'il ne déborde pas d'originalité. Il a le mérite d'être très bien exécuté avec un passage particulièrement prenant avec la basse et la batterie à l'appui. Ce morceau se termine dans une offrande pour continuer sur 'Father', le titre suivant. Le démarrage très posé avec arpèges puis clavier aurait pu connaître une autre ampleur avec un vocaliste plus fin sachant démontrer une certaine émotion. Ce morceau loin du rock progressif est une œuvre pop rock assez agréable qui file comme de l'eau. J'ai déjà évoqué l'instrumental 'Way Out Of Line' qui montre une facette qui n'a été jusque là que trop rarement exploitée, à savoir le coté blues de FAF en général et de Roes en particulier.
Il s'agit donc d'un album de plus pour For Absent Friends qui s'enferre dans les années 80 avec un néo prog feutré sans grand intérêt. Quelques titres sortent donc un peu du lot et permettent de se dire que le talent réel d'Edwin Roes et Rene Bacchus notamment ne sont pas exploités à leur meilleur niveau et c'est sur un sentiment de gâchis que s'achève cet album qui ne résiste pas aux écoutes répétées.