Deux ans se sont écoulés depuis leur dernier album en date, le très inspiré "Time". Même si cela fait belle lurette qu'Electric Light Orchestra a cessé de nous étonner en reprenant constamment les mêmes vieilles ficelles, le don incontestable que possède Jeff Lynne à trouver de belles mélodies a permis au groupe de sortir au pire des albums plaisants, quand il ne s'agissait pas d'authentiques chefs d'œuvre. Il semble malheureusement que "Secret Messages" n'apporte rien de bien nouveau à la carrière d'ELO.
On frissonne même rétrospectivement à l'idée qu'à l'origine, Jeff Lynne voulait en faire un double album, tant les titres repris sur ce disque semblent poussifs et peu inspirés. Fort heureusement la maison de production s'opposa à cette idée, évitant aux auditeurs une indigestion de titres pas réellement mauvais mais assez quelconques. Car, c'est là tout le paradoxe de cet album, il est difficile de trouver à "Secret Messages" d'autres défauts qu'un sentiment de déjà entendu et un manque de fraîcheur, d'enthousiasme, qui empêche la mayonnaise de prendre. Depuis "Out Of The Blue", ELO fait de l'auto-parodie, semblant incapable ou n'ayant plus l'envie de se renouveler pour surprendre. Par ailleurs, l'originalité du trio de cordes du début a cédé le pas à un orchestre utilisé de façon plus conventionnelle, celui-ci se voyant de plus en plus fréquemment remplacé par les nappes acidulées et les fioritures datées des synthétiseurs.
Du coup, on balance entre les titres "pas mal mais déjà fait" ('Secret Messages', 'Four Little Diamonds', Train Of Gold', 'Rock'n'Roll Is King'), les "peu inspirés" ('Take Me On And On', 'Time After Time', 'Danger Ahead') et les "méritaient mieux" ('Loser Gone Wild', Bluebird', 'Stranger', Letter From Spain'). Tous les titres se ressemblent, aucun ne cherche à s'affranchir de la structure couplet/refrain de rigueur, les instruments se fondent en un tutti permanent dominé par les synthés et accompagnés de chœurs dégoulinants qui ont fait les beaux jours du groupe mais qui manquent d'un rien de conviction sur cet album pour qu'on y adhère réellement. Ce ne sont pas le pauvre solo de violon de Mik Kaminski sur le dernier titre ni les phrases enregistrées à l'envers que l'on peut entendre en début et en fin d'album qui y changeront quelque chose. Les morceaux sont englués dans les écœurants arrangements typiques du début des années 80 et même s'il serait intéressant d'en entendre certains dans une interprétation plus épurée et acoustique (les "méritaient mieux"), l'ensemble paraît bien lourdaud et artificiel.
"Secret Messages" vient confirmer ce que les écoutes des albums d'ELO à partir de "Out Of The Blue" laissait présager : un groupe en perte de vitesse, en manque d'inspiration, peinant à se renouveler. Si "Time" avait pu laisser espérer un instant une seconde jeunesse, "Secret Messages" sonne le glas du groupe. Un glas mélodique, mais un glas quand même.