En enchaînant les succès et en survivant aux modes, Scorpions avait longtemps semblé intouchable. Pourtant, la carapace s'est fissuré dans les années 90 pour aboutir à au terrible échec d'Eye II Eye en 1999. Le groupe allemand, dans l'impasse, enchaîne alors les live et propose notamment un disque acoustique et un symphonique assez inoubliable.
"Unbreakable", 15ème album studio, arrive donc en cette année 2004 à un moment où le groupe semble ne plus rien avoir à dire et n'est plus du tout dans les modes. Et miracle, le disque va remettre en partie sur pieds la légende allemande. La pochette et le titre sont parlants, le groupe met enfin de côté le sirupeux et les expérimentations hasardeuses pour revenir aux sources du hard rock.
Si le niveau de l'âge d'or n'est pas atteint, "Unbreakable" fait au moins oublier les erreurs récentes. Il le doit à une première partie solide qui contient son lot de bons titres, tous chantés par un Klaus Meine retrouvé. Ainsi "New Generation", "Love' Em Or Leave' Em", "Borderline" ou encore "Blood Too Hot" sont-ils d'excellents titres de hard à tendances heavy avec des refrains très mélodiques et surtout des guitares mordantes. Schenker et Jabs donnent le meilleur d'eux-même sur chaque riff et soli accompagnés par un James Kottack royal derrière ses fûts.
La suite n'est malheureusement pas du même niveau. La ballade "Maybe I Maybe You" est jolie mais coupe le rythme du disque. Derrière il y a du banal avec "Someday Is Now" ou "My City My Town" qui ne décollent pas et une ballade, "She Said", dont on aurait pu se passer facilement. Ce final faiblard est cependant sauvé par un "Through My Eyes" aux allures de ballade mais avec un ton hard rock efficace dans l'esprit de l'époque Crazy World et "This Time" ou "Can You Feel It" qui se démarquent par des aspects heavy bienvenus.
"Unbreakable", première étape d'une nouvelle ère qui semble s'annoncer, apparaît clairement comme l'album de la rédemption pour Scorpions. Malgré quelques petits défauts, cet album se consommera avec un plaisir certain tant Meine et ses compères semblent avoir retrouvé l'envie de jouer ensemble.