Telle une vedette de la chanson Ministry n'en finit plus de revenir après avoir annoncé l'arrêt de sa carrière. En effet, un an après Relapse sensé clôturer une carrière bien remplie, nous arrive cette année From Beer To Eternity, 13ème album du colosse américain. Composé et enregistré en moins de 3 semaines fin 2012, cet album sert aussi d'hommage à Mike Scaccia, guitariste du groupe mort sur scène en Décembre 2012 qui aura co-écrit les chansons justes avant sa disparition.
Malgré l'amour que l'on peut porter à Ministry il y avait de quoi être circonspect. le disque a été achevé dans l'urgence et les fausses annonces de départ successives peuvent laisser planer quelques doutes. Pourtant, le disque fonctionne bien. La recette du groupe reste la même avec ce métal industriel électro incisif. Il en ressort un album puissant, martial et en même temps terriblement entraînant. La majorité des titres ne relâche pas la pression et nous assène des riffs thrashisants se mêlant avec délice à une rythmique ne faisant pas de quartiers. Le groupe délivre ainsi une prestation de haut vol et crée un univers schizophrène comme il n'en avait plus fait depuis longtemps. Il s'amuse en outre à proposer des titres qui sortent des sentiers battus comme "Thanx But No Thanx", long morceau ambiant et techno qui s'en prend au rêve américain avec férocité ou "Lesson Unlearned", brûlot électro avec des vocaux féminins irrésistibles. On retrouve même un titre dance floor avec "The Horror" qui fonctionne à merveille dans lequel Jourgensen se lâche complètement.
Que l'on se méfie de ce diable d'Al Jourgensen quand il parle de véritable dernier album est légitime. Quoiqu'il en soit, il balaye nos craintes et fait - peut être - finir Ministry sur une très bonne note. Ce disque coup de poing et rageur est sans doute même ce qu'il a proposé de meilleur depuis longtemps, retrouvant la hargne des années de gloire.