On savait qu'on tiendrait avec Sofy Major quelque chose de grand, potentiel encore à peine défloré par Permission To Engage puis déjà confirmé par le split partagé avec Membrane quelques mois plus tard. Groupe alors toujours sous influence (Unsane en premier lieu), le trio de Clermont-Ferrand parvient toutefois sur ces deux rondelles à atomiser les règles du Hardcore/Noise auquel la presse le rattache. Bref, jeune pousse énervée, Sofy Major suscite bien des espoirs, faisant souffler une fraîcheur - viciée tout de même - sur un genre où la sincérité, la fraternité sont des valeurs qui ont encore un sens.
Décidés à mettre toutes les chances de leurs côtés, les gars s'envolent pour New-York, temple incontournable pour les musiciens biberonnés au Hardcore US, à l'automne 2012 pour graver cette seconde offrande sous la houlette de Andrew Schneider (Unsane encore). L'ouragan Sandy passe malheureusement par là, détruisant - notamment - le studio ainsi que le matériel des Français. De cette épreuve, ces derniers ont peut-être puisé une rage, une envie d'en découdre qui explosent tout du long de Idolize semblant s'être nourri de cette expérience.
Concentré d'une violence épidermique, l'opus se construit sur des compos au canevas toujours resserré, seul format capable de contenir une telle tension. Elaboré comme un travail d'orfèvre, chaque titre, puissamment dynamique (la prise de son, massive, n'y est d'ailleurs pas étrangère), regorge de détails, ouvre des portes à l'image de "Platini" d'une densité décoiffante où les breaks se succèdent avec une urgence larvée. Ce faisant, Sofy Major transcende son matériau de base, le façonnant à son image, énergique, intense, mais néanmoins éprise de liberté.
S'affranchissant du credo tout en le respectant, le groupe coule dans son Hardcore/Noise Rock une légère (façon de parler) touche de Doom tandis que les lignes vocales, extrêmement intéressantes, échappent aux sempiternelles crachats fielleux. On sent à ce titre le souci apporté à ce niveau-là. Riche et nuancé, tour à tour rugueux ("Frost Forward") ou plus mélodique ("Comment"), assuré le temps du rampant "Steven The Slow" par Dave Curran (Unsane toujours), le chant propulse littéralement ces compositions, lesquelles vibrent d'une force ramassée, presque terreuse. Les instruments sont au diapason de cette puissance, de la basse secouée de décharges telluriques aux guitares trempées dans le mazout ("Seb"). Toujours en filigrane, il y a cette mélancolie désenchantée qui affleure, poisse le tout d'un suaire crasseux.
Avec ce disque sans temps morts ni faiblesse, Sofy Major fait donc mieux que transformer l'essai, il ouvre pour ses auteurs un avenir qu'on devine foisonnant.