Neil Campbell, guitariste et clavieriste anglais, est connu pour sa participation à de nombreux projets plus ou moins progressifs avec deux albums solo, des interventions au sein du projet multimédia Frankenstein, et le Neil Campbell Collective. Il revient aujourd'hui avec un nouveau groupe, Bulbs et un concept album en guise de starter, 'On'.
Campbell aime faire le show : le lancement de ce Bulbs s'est fait en live un soir de juin à Liverpool, lors d'une performance multimédia avec la projection d'un film réalisé par l'artiste Sonny Philips en accompagnement de l'album joué live et en intégralité pour l'occasion. Il faut dire que la musique de Bulbs se prête volontiers à ce genre de performance cross-media. Définissant lui-même Bulbs comme un concept groupe de post-rock, Campbell suscite la curiosité plus que d'enfermer sa musique dans un style défini. La musique est essentiellement rock et mêle un grand nombre d'influences, tantôt classique, tantôt électro, mêlant guitares acoustiques et électriques ou n'hésitant pas à ajouter de nombreux samples et arrangements électroniques voire "ambiant".
A mi-chemin entre un post-rock moderne et une musique de film, Neil Campbell raconte une histoire et met tous les ingrédients nécessaires pour que les ambiances servent parfaitement le propos. Les atmosphères passent d'étendues calmes à la guitare classique à des textures électroniques plus chaudes avec guitares électriques, le tout rempli de dissonances rythmiques venant de la section basse-batterie. Ceci évoque pour Campbell "la vie du fragile esprit humain dans un froid et aliénant monde technologique et politique". Alors, forcément, quand on met des images dessus, c'est certainement plus parlant. Il ne ressort pas moins de l'écoute que les thèmes musicaux abordés et leur traitement singulier aide parfaitement à appréhender ce concept.
Sous des atours post-rock (sans la rengaine dépressive parfois inhérente au genre), se cache en fait un concept album instrumental résultat de nombreuses influences rock, classiques, cinématographiques, électroniques, rendant ce 'On' diablement intéressant. Progressif est également un adjectif idéal pour cet album qui regorge de ruptures et de rebondissements. Le seul bémol viendra au final de la nécessité de rester accroché au thème lors de certaines pièce un peu plus ardues à cerner ("Switch" partant un peu dans tous les sens).
Neil Campbell transporte l'auditeur dans un voyage musical et onirique puissant, fait d'ambiances travaillées et inspirées. A l'instar d'un Steve Unruh, Campbell parvient dans un style purement instrumental à créer une musique passionnante, faite de cycles rythmiques complexes et de structures thématiques multicouches, capable de traverser les styles en les rapprochant. Un pur exemple de musique trans-genre.