Bienvenue dans le temple de l’harmonie et du chœur, bienvenue dans le dernier disque de Little River Band... Ou tout du moins dans ce qui reste de ce groupe fondé en 1975, car plus aucun membre originel n’est présent depuis bien longtemps.
Pour autant l’esprit et le style sont toujours au rendez-vous avec un AOR très typé années 70 / 80, sorte de mix entre Toto, Bryan Adams et State Cows, le genre de musique que l’on imagine aisément écouter au volant d’une Ford Thunderbird cabriolet sur une higway américaine… Enfin, pour être plus proche de la réalité, que l’on imagine écouter distraitement au volant d’une Ford Thunderbird cabriolet emprunté à papa, avec un « A » collé au cul, sous un soleil voilé, après avoir pris la précaution de se mettre de la crème solaire et avoir opté pour une paisible Départementale qui facilite la prise de pauses régulières. Il faut dire qu’avec Little River Band il ne s’agit pas de commettre de folie ou bien de se laisser griser par des sentiments trop fort.
En effet, la prise de risque n’est clairement pas l’apanage de ce "Cuts Like A Diamond". Très proche de Toto, le groupe pratique ce que l’on peine un peu à appeler du Rock, un rock policé, aseptisé, canalisé. Pour ce faire, il truffe ses morceaux de chœurs, institue le doublage des voix comme règle quasi immuable et se garde bien de laisser ses musiciens faire preuve de trop d’individualisme. Le résultat est mielleux, professionnel, totalement stérile et prévisible.
Le comble de l’ennui est atteint lorsque le groupe se lance dans le sentimental, comme cela peut être le cas avec "Someone". Nous sombrons alors dans le sirupeux, une sorte de mélasse gluante et molle dans laquelle les mélodies sont répétées à l'envie, jusqu’à en perdre toute leur saveur. Difficile de trouver la moindre trace d'émotion dans ces couches de claviers, de guitares, de chœurs d’une propreté si immaculée qu’elle en ressort suspecte. Le sommet est atteint lorsqu’un saxophone insipide vient reprendre le thème général du morceau.
Il est possible que certains aficionados de musique d’ambiance et de Soft Rock s’extasient devant la qualité de l’écriture et de l’interprétation de ce "Cuts Like A Diamond". Ils pourront même louer la qualité de la production et la propreté de l'ensemble. Mais malheureusement, tout cela a déjà été fait mille fois avec tellement plus de profondeur d’âme et de passion qu'encenser ce genre d'album est tout simplement impossible.