Steve Lukather, c'est bien entendu le guitariste de Toto depuis ses débuts en 1977 mais c'est aussi, à l'époque de la sortie de ce premier album solo, un musicien de studio aguerri ayant déjà posé sa guitare sur les albums de nombreux d'artistes, des plus célèbres aux moins fréquentables... Alors que Toto s'octroie une pause bien méritée en l'absence de chanteur digne de ce nom, Lukather lance sa carrière solo. Et alors qu'il sort d'une tournée avec Santana et Jeff Beck, "Lukather" arrive dans les bacs.
Très connoté années 80, pour le meilleur comme pour le pire (ces programmations de batterie et de basse sans âme dont pâti fortement 'With A Second Chance' par exemple), l'album reflète la quête de Luke vers un style plus personnel. Si bien entendu on retrouve parmi les guests des noms proche de Toto comme David Paich (qui ajoute une réelle majesté à 'Lonely Beat Of My Heart', titre qui ressort avec classe d'un ventre un peu mou), Jeff Porcaro (sur un final un peu grossier), Lenny Castro et mais aussi Randy Goodrum côté composition, il n'est pas surprenant d'y trouver quelques amis de notre guitariste comme les surdoués Steve Stevens (jouant sur le languissant 'Fall Into Velvet' avec l'excellent claviériste Jan Hammer pour un résultat très connoté Jeff Beck et riche en soli captés live) et Eddie Van Halen qu'on retrouve curieusement à la basse sur 'Twist The Knife', un titre à l'introduction guitaristique calquée sur les plans favoris du bonhomme et au soli très démonstratif d'un Luke cherchant à en mettre plein la vue face au maître !
Bien entendu, ses amis de Los Lobotomys David Garfield, Will Lee ou Carlos Vega sont présents ainsi que d'autres noms déjà associés à Lukather, ou à venir comme C.J Vanston, John Pierce, Mike Landau ou encore Stan Lynch. Une vaste équipe donc pour un album un tantinet volatil et cherchant à ménager la chèvre et le chou, oscillant entre pépites AOR ou fusion ('Fall Into Velvet' encore) et titres Pop/Rock très convenus et peu mémorables tels 'Got My Way', morceau un peu linéaire aux allures de chute studio du "Seventh One" de Toto ou 'Darkness Night Of The Year' très formaté et planplan. A ajouter aux très bons moments déjà cités plus haut, un 'Swear Your Love' immédiat et délicat, au très bon refrain et au solo bien amené, qui ne jurerait pas dans un concert actuel du bonhomme, un 'Drive A Crooked Road' percussif (Jeff Porcaro oblige) possédant l'énergie très vivace du Rock californien, la ballade obligatoire signée Lukather/Goodrum et qui fait une fois encore mouche sous le nom de 'Turn To Stone' et 'And It Looks Like Rain', plus fine et mature, partagée avec Landau et à l'énergie finalement contagieuse.
Loin d'être complètement dispensable, avant tout car il marque le départ solo d'un des grands noms du Rock de ces trente dernières années et possède de bien bons moments (et musiciens) en son sein, "Lukather" se révèle parfois un peu daté et garni d'un petit ventre mou dans sa seconde partie. Pour les fans du gars et/ou du Rock des 80's…