Avant d'atterrir chez Season Of Mist qui le publie aujourd'hui en CD et chez lequel on peut se demander s'il a vraiment sa place, le fond de commerce de l'étal marseillais étant Metal extrême que l'Ambient Drone auquel se rattache GOG, Ironworks a été originellement édité en décembre 2012 alors uniquement en format vinyle par le très exigeant Utech Records, label américain où fermente ce genre de projet hermétique et effectivement extrême dans son expression sonore.
Les émotions, les sentiments qu'impose l'écoute de cet opus, dernier rejeton d'une lignée éclose en 2005 avec Past The Deepest Gate, sont à des années-lumière de la joie, du rire. Magma grouillant de sons pollués, de samples désincarnés, Ironworks s'inscrit dans la continuité de l'oeuvre de son unique géniteur, Bjella, plongée abyssale dans ce que la vie, l'humanité peuvent produire de plus sombre.
Gravé dans un authentique atelier de forgeron du XIXème siècle, l'album se veut une ode à la mort du rêve américain. Ce thème commande une noirceur ferrugineuse, comme trempée dans de sinistres aciéries, qui ne jaillit pourtant pas dès les premières mesures. Incarnées par "1870-1906", ces dernières sont certes hantées par des bourdonnements Drone mais semblent ouvrir sur un monde de machines où l'espoir n'est pas absent. Un piano délicat souligne cette foi dans le progrès, dans l'avenir.
Puis surgit le tourmenté "Tasks Which destroy Body And Soul", le ton change brusquement, désormais plus bruitiste. La beauté austère du début est toujours là mais commence à être noyée, avalée par des nappes assourdissantes, rouages hurlants d'un organisme qui broie tout sur son passage, à commencer par l'Homme lui-même. Ruminations possédées, les titres suivants ne font que confirmer cette descente aux enfers sans espoir de retour, gouffre béant qu'aucune lumière, jamais, ne parvient à éclairer.
Le piano devient silhouette spectrale aux lignes perturbées par des rushs proliférant d'émanations noires ("A Promised Eternity Fullfiled With Cancer"). Ces ambiances de décrépitude absolue culmine lors des pulsations terminales "Into Her, She Carved The Word Empty", bouillie aux confins de la Noise et de la musique industrielle, puis enfin "I Draw My Strength From You", plainte au souffle crépusculaire sur laquelle meurt l'opus.
Ironworks est un album à la trame ramassée qui ne trouvera guère son (maigre) public que chez les plus dépressifs et torturés. Ceux-ci et ceux-ci seulement, seront fascinés par cette ode cataclysmique qui a quelque chose d'une peinture hallucinée de la fin d'un monde.