Près de 20 ans après leurs débuts, avec une carrière dans le rock néo-progressif que l'on peut considérer comme plutôt anonyme jusqu'à présent, les allemands de Crystal Palace nous reviennent avec leur cinquième véritable album studio, trois années après un mitigé Reset. Pour l'occasion, le quintet a rejoint l'écurie de Gentle Art of Music, le label de leurs compatriotes de RPWL, profitant de l'aubaine pour solliciter la collaboration de Yogi Lang (également responsable de l'enregistrement) et Kalle Wallner, ainsi que celle de Colin Edwin, bassiste de Porcupine Tree.
Dès les premières notes de Chasing Better Days, on ressent une profonde évolution dans le son du groupe, la "RPWL-Touch" étant particulièrement sensible au niveau de la puissance et de la profondeur du spectre sonore, mais pas seulement. Certes, le groupe ne renie pas ses influences et son ancrage dans le néo-progressif issu des années 90, et une nouvelle fois les fans de Marillion, IQ et autres Pendragon vont se retrouver immergés dans des eaux familières, un titre comme Green Way pouvant sans problème trouver sa place dans la discographie de la bande à Peter Nicholls par exemple. Mais, à l'image de RPWL - qui reste la référence la plus flagrante – sur leur dernier album ( Beyond Man and Time ) - Crystal Palace a quelque peu durci le ton de ses compositions. Sans verser dans le métal, hormis quelques saillies sur le monolithique et inquiétant Beautiful Nightmare, la musique du groupe s'avère plus sombre, plus puissante qu'auparavant. Cette nouvelle donne 'alterne cependant avec bonheur avec des parties moins engagées et typiquement néo-progressive, enluminées par des soli de guitare qui, à défaut d'être très techniques, viennent titiller avec bonheur les oreilles.
Alors comme généralement dans ce style de musique, quelques langueurs viennent affaiblir la qualité de l'ensemble avec deux ou trois titres allongés plus que de raison. Mais l'on pourra toujours considérer que c'est pour mieux apprécier la dernière plage qui donne son titre à l'album, véritable hymne dont la construction et la réalisation rappellent les plus belles heures de Final Conflict et l'album Stand Up : soli lumineux de Kalle Wallner, chœur d'enfants, synthés qui emplissent l'atmosphère et des mélodies à tomber. Un vrai bonheur vecteur d'émotions simples, et qui inéluctablement entraîne une certaine propension à se remettre la galette à son début pour une nouvelle écoute.
Avec cette nouvelle production, Crystal Palace franchit incontestablement un palier qui lui permet désormais de revendiquer une place de choix au sein des multiples réalisations néo-progressives. Sans révolutionner le genre (pour autant qu'il soit un jour possible de le faire ?), la qualité de construction et d'interprétation de ces huit titres permet au groupe de nous proposer un album solide et plus qu'agréable, que les habituels pourfendeurs du style rejetteront sans scrupule, mais que les amateurs du genre apprécieront à sa juste valeur.