Il y a des albums n'engendrant que dithyrambe ou ne recueillant que diatribe et il y a les albums sujets à polémique. Ces œuvres-là voient alors les masses chroniqueuses s'opposer avec fracas sur la Toile, chacun de leurs représentants y assénant alors gaillardement, avec force conviction, accusation de plagiat éhonté ou glorification aveugle de l'opus. Hail To The King, le sixième album d'Avenged Sevenfold est de ceux-là.
Cette croix à porter devra être assumée. Elle est en effet souvent le lot des combos dont le style musical affiché évolue comme le discours d'un politicien d'une campagne à l'autre. Passer d'un Metalcore sous influence Punk Hardcore/Heavy Metal à un Metalcore de moins en moins "core" et de plus en plus Heavy pour approcher parfois le simple bon vieux Hard Rock des familles, ça touche à l'hérésie, ça frôle l'ignominie. Et pour certains, cette valse hésitation n'est assurément pas pardonnable. Ha les bons vieux carcans, comme il est bon de s'y accrocher comme un paysan du Larzac à son plan de métro parisien ! Et puis il y a aussi ceux qui ne supportent pas de reconnaître quelques idoles musicales au détour d'un riff ou d'une mélodie.
Nightmare, l'album précédent, avait pourtant mis presque tout le monde d'accord. En effet, entre agressivité approfondie et plages calmes, cet album bifide, mélodiquement irréprochable et porteur de dérives progressives ne pouvait que trouver grâce aux oreilles des mélomanes de tendances diverses. Mais Hail To The King ne propose malheureusement pas cette diversité musicale et n'atteint hélas pas ces hauteurs mélodieuses, ce qui va inévitablement lui attirer les ennuis sus-évoqués. Nous aurons donc d'un côté les adorateurs de la Bête, ceux inflexibles des débuts, les plus ouverts d'esprit, rejoints par les convertis au fil du temps et des styles fréquentés par le groupe et de l'autre les détracteurs, lassés des errements stylistiques du combo ou énervés par les influences mal digérées du groupe.
Car c'est un fait, cet album fait fortement penser à Metallica ("This Means War", "Sheperd Of Fire"), Megadeth ou Guns N' Roses ("Doing Time") et Maiden ("Coming Home"), il reste trop calé sur des tempi lents, déçoit question mélodies (où sont passées les inspirations de Nightmare ?) et ne propose que trop rarement des moments musicalement hors normes. Tout est dit, il n'y a rien à ajouter.
Malgré ces regrets, cet album de tendance old school s'écoute tout de même agréablement. Juste agréablement, alors que nous nous attendions à un nouveau feu d'artifice. Nous sommes donc ici en présence d'une déception matinée de quelques satisfactions, à l'image du débat polémique qui fait rage.