Malgré le grand ménage de printemps opéré par le commandant en chef de la division Marduk, le guitariste Morgan, qui a vu ce dernier se séparer de Legion, hurleur qu'on croyait pourtant inamovible et du batteur (presque) historique Fredrik Andersson, le blindé suédois nous revient très vite après un World Funeral encore tout chaud, bonne cuvée mais sans plus.
A l'écoute de Plague Angel, on mesure que sa haine intense ne sait toujours pas tarie ni son goût pour les blasts sauvages et les titres rapides qui ne font pas de prisonniers. "The Hangman Of Prague" et "Throne Of Rats" ouvrent la danse macabre dans la plus pure tradition mardukienne. Sans finesse donc mais avec un sens de l’agression à même de laisser sur le carreau la plupart de ses rivaux.
Le black metal hyper bourrin baignant dans un climat guerrier se calme le temps du mid tempo "Seven Angels, Seven Trumpets". Le (relatif) répit est de courte durée car la machine s’emballe à nouveau avec le déchaîné "Life’s Emblem", qui permet encore une fois au véritable Lapin Duracel Emil de démontrer ses talents de blasteur, si besoin en était.
Car hormis les lourds et reptiliens, et donc très réussis, "Perish In Flames", vaste charnier sinistre, et "Deathmarch", inquiétant à souhait, lesquels prouvent en outre que le groupe aurait peut-être tout intérêt à ralentir le rythme plus souvent, Plague Angel va à fond, pied au plancher. Si Mortuus, le désormais préposé aux hurlements de gargouille, apporte à Marduk une noirceur abyssale bienvenue et espérée eu égard aux mortifications qu'il inflige avec Funeral Mist, on aimerait tant que Morgan renouvelle un peu son écriture, plutôt que de vomir ad vitam aeternam le même black metal qui mise un peu trop sur la vélocité là où on souhaiterait qu’il soigne davantage les ambiances. Même l’absence de Peter Tätgren derrière la console ne se fait pas remarquer.
Cette nouvelle offrande s’impose encore comme un bon disque dans le genre qui est le sien, annihilant à des kilomètres à la ronde tous ses ennemis mais on attend plus de Morgan, compositeur doué capable de bien mieux que ce Plague Angel (forcément) solide mais éprouvé. Un disque de plus en somme, sorte de d'ébauche de son successeur, Rom 5:12, dans lequel l'alliance entre la brutalité coutumière de Marduk et la puissance morbide de Mortuus prendra enfin toute son apocalyptique démesure.