L'Australie n'est pas la terre de metal la plus évidente. Pourtant quelques beaux spécimens de groupes nous viennent du pays des kangourous et du rugby. Bien sûr AC/DC ou Airborne dans un style hard rock mais aussi Karnivool comme révélation récente de metal progressif ou encore Teramaze et Damnations Day dont il est question ici, ces deux derniers venant de la même ville, Geelong dans la province de Victoria. Ils sont indubitablement liés, ne serait-ce que par leur batteur commun Dean Kennedy et la participation de Dean Wells (guitariste de Teramaze) à l'enregistrement de ce "Invisible, The Dead" qui pose quelques accords de guitare.
Ce que l'on peut dire d'emblée c'est que ce premier album s'écoute vite. D'abord la durée de l'album (38 minutes) permet un tour d'horizon rapide, ensuite l'entrée en matière est directe et efficace mais surtout les 9 titres s’enchaînent sans temps morts avec une certaine diversité qui tient en haleine. Cette variété vient en premier lieu du chant versatile de Mark Kennedy qui enfile les différents registres comme des perles. Parfois agressif, avec plus ou moins de hauteur, il rappelle alternativement Tim "Ripper" Owens et son chant hargneux capable de monter très haut dans les aigus et Einar Solberg de Leprous sur 'I Am'. Il retombe dans un registre beaucoup plus charmeur et suave dans 'A Ghost In Me', dans un style qui se rapproche un peu de Zak Stevens avec moins de profondeur toutefois. Il sert les deux ballades 'A Ghost In Me' et 'A World To Come' de façon presque caressante même s'il reste le plus souvent rentre dedans avec un chant medium aigu de qualité à la maîtrise parfaite.
Mais la voix de Mark Kennedy n'est pas le seul atout des Australiens. Cet artiste, compositeur principal, nous livre également des rythmiques solides et nerveuses. A l'origine Damnations Day évoluait dans une posture assez trash (sur leur démo), que l'on peut retrouver ici ou là, comme sur 'The Reaper'. Mais pour leur premier album, la mélodie et la diversité s'imposent pour se rapprocher d'un heavy metal puissant et mélodique dans la lignée des Iced Earth, Brainstorm, Mercyful Fate ou encore Metalium. Certains titres puisent leur influence dans un Metal traditionnel comme 'Lucid Dreaming' alors que d'autres alternent richesse mélodique assez fine et gros son heavy comme sur Reflections ou 'Carried Above The Sun'. Il faut également compter sur la batterie de Dean Kennedy, très présente et puissante, assénant ses coups avec une intensité terriblement efficace, épaulé par un Luke Vinken très carré à la basse. La dernière recrue John King, à la guitare lead n'est pas en reste puisqu'il donne à la musique sa finesse technique et une efficacité mélodique qui permettent à Damnations Day de franchir un palier.
Disons le tout net, avec ce "Invisible, The Dead", Damnations Day s'impose comme un grand groupe sur la planète metal. Alliant puissance et mélodie avec une dextérité et une aisance toute professionnelle, il y a fort à parier qu'ils feront parler d'eux à l'avenir.