A peine trois ans après le réussi 'What Lies Beneath', Tarja Turunen commet son troisième album solo en cette fin d'été. Pour l'occasion, elle a reconduit le line-up qui avait fait le succès du précédent opus en ajoutant à nouveaux quelques invités pour embellir le tableau, parmi lesquels Justin Furstenfeld (Blue October). Côté com', la belle finlandaise a, là aussi, fait les choses comme il faut pour créer l'événement autour de la sortie de ce 'Colors In The Dark' : mini-site, multiples artworks, single avant la sortie et teasings en tous genres. Ayant su créer l'attente, Tarja ne devait pas se louper sur le contenu pour ne pas décevoir.
Autant le dire tout de suite, la mission est accomplie ! 'Colors In The Dark' est un album complet, maîtrisé et innovant. Désormais rompue au travail de composition, Tarja a trouvé son style, un métal mélodique varié et efficace dans lequel elle semble s'investir à tous les niveaux, prenant des risques créatifs et insufflant à l'ensemble une énergie qui semble émaner de sa propre personne. L'auditeur attentif fera face à la personnalité de l'artiste finlandaise dans chaque ligne vocale, dans chaque titre. Symphonique, épique, gothique, lyrique, mélodique, progressif, le métal de Tarja est protéiforme.
L'orchestration et les arrangements sont soignés comme rarement dans un album de métal mélodiques. Le tout est minutieusement ciselé, les intros sont travaillées ("Medusa"), les breaks ne sacrifient pas le développement épique voire progressif et chaque morceau prend le temps de se construire pour un résultat très abouti. Les titres les plus catchy ("Never Enough", "Neverlight", "Victim Of Ritual") ou ceux aux développements plus langoureux ("médusa", "500 Letters" ou "Delivrance") sont tous parfaitement équilibrés et sont sublimés par la voix exceptionnelle de Tarja. Inutile de préciser qu'elle porte l'ensemble à la force et la douceur de ses cordes vocales. L'éventail de ses possibilités est éblouissant mais, plus impressionnant encore, son sens de la l'écriture et de la mélodie promet un pur plaisir à l'auditeur du début à la fin.
Si 'Colors In The Dark' contient de nombreuses influences gothiques et lyriques ("Mystique Voyage", "Delivrance", "Until Silence" aux harmonies enchanteresses), l'album est un champ d'exploration pour Tarja qui n'hésite pas à afficher certains parti-pris (pour ne pas dire quelques risques) en laissant libre cours à ses envies ou ses délires, ne sanctifiant pas les saturations frénétiques de fins de morceaux ("Never Enough") ou les effets d'ambiances mystiques ("Mystique Voyage", "Delivrance") et en laissant sa musique prendre des atours progressifs ("Lucid Dreamer", "Medusa"). Quand, en plus, le tout est parfaitement servi par un groupe à l'unisson dans lequel les guitares rivalisent de décibels avec la belle, que la section rythmique est impeccable sous la houlette de Mike Terrana et que les claviers et arrangements de Christian Kretschmar font merveille, vous comprendrez que le résultat vont encore au delà des espérances.
Tarja frappe fort avec ce nouvel opus et les louanges que l'on peut lui attribuer un peu partout sur la toile sont méritées. Chaque mélodie est imparable, chaque riff décoiffe et chaque arrangement fait mouche. 'Colors In The Dark' se positionne directement dans le peloton de tête pour le titre d'album de l'année dans la catégorie métal mélodique et pourrait même briguer une récompense toutes catégories confondues.