Fondé il y a 15 ans déjà, Chimaira a toujours été un de ces groupes dont on attend beaucoup tant l'album qui les ferait accéder au rang de groupe incontournable a été proche - malgré la qualité très inégale de leur discographie. La preuve a été apportée au moins trois fois avec l'EP "This Present Darkness", ou les albums "Chimaira" et "Resurection". Malheureusement, les Américains ont persévéré à sortir un album tous les 2 ans, quitte à rendre des copies insipides, sans saveur ni riff mémorable. Le doute s'est alors installé sur la capacité du groupe à sortir ce bijou que presse et fans savaient pourtant possible. Mais c'était sans compter sur les différents entre les membres qui se résolurent à grands claquements de portes. Ainsi "The Age Of Hell" et son nouveau lineup n'y firent rien, et les membres durent une fois de plus se réorganiser pour ne pas laisser la Chimère - un nom prédestiné - s'effondrer.
C'est en toute logique que ce "Crown Of Phantoms" sort deux ans après le précédent album avec le nouveau lineup. Pour faire court, Rob Arrold a été remplacé à la guitare lead par Emil, dont la basse a été reprise par Jeremy Creamer (ex-Dååth), et Matt Szlachta (ex-Dirge Within) récupère la 6-cordes de Matt DeVries, parti remplacer Byron Stroud chez Fear Factory.
La première chose qui saute aux oreilles, dès l'entame de la galette, est la qualité de la production confiée à Ben Schigel (Drowning Pool, Breaking Benjamin et chanteur de Switched). La qualité est ainsi constante de ce côté ce qui est un point positif, d'ailleurs l'un des seuls. En effet, sur le reste, rien de bien surprenant ne viendra bousculer l'écoute.
Les premiers titres sont de loin les moins intéressants. Malgré un départ fulgurant d'une violence vertigineuse, la sauce peine à prendre. Les riffs sont de bonne facture, mais les compositions n'arrivent pas à imprégner l'auditeur avec bien peu de blasts vraiment efficaces. Le groove propre à la formation y est toujours reconnaissable, mais les riffs s’enchaînent dans un ensemble fade et plat. Heureusement, pour relever le niveau de qualité de l'album, on pourra quand même compter sur 'Plastic Wonderland' mais il faudra que l'auditeur fasse un effort pour rester attentif jusque-là. Les plus accrochés iront même jusqu'aux bons 'Spineless' et 'Wrapped In Violence', dans lesquels les musiciens ont enfin la possibilité de s’exprimer. Malheureusement, il en aurait fallu plus pour ne pas être déçu.
Chimaira aurait peut-être dû se laisser plus de temps pour faire mûrir le nouveau le lineup et chercher la qualité plutôt que le rendement. Le groupe avait pourtant là sa chance de prendre sa bouffée d'air frais, nécessaire après 2 opus moyens. Dominé par une qualité de chansons très inégale, on y trouve tout de même de bonnes choses, mais dans l'ensemble cet album ne devrait pas faire grand bruit, à part sur scène où l'intérêt de voir le nouveau lineup reste intact.