A l'instar de ses compatriotes Thergothon et Unholy pour le Funeral Doom, Reverend Bizarre a sonné le branle d'une cohorte de groupes se réclamant du pur Doom Metal. S'il n'est plus, le trio laisse de passionnants héritiers qui, sans posséder ni son aura ni sa démesure, font honneur à une oeuvre colossale. Aux côtés de The Wandering Midget, Horse Latitudes mérite plus particulièrement l'attention.
Quand bien même on ne peut pas (encore) lui prêter une inspiration équivalente, ce dernier partage néanmoins nombre de points communs avec le défunt révérend. La formule du power-trio, la référence aux Doors ("Horse Latitudes" est une chanson des Américains, apparaissant sur "Strange Days") et surtout un chanteur - par ailleurs batteur de son état - dont le mimétisme vocal avec Albert Witchfinder s'avère pour le moins troublant ("Into The Deep"), font du lien qui noue les deux groupes un véritable câble.
Pour autant, on se saurait réduire Horse Latitudes à une simple copie de la figure tutélaire finlandaise car ses racines ne sont pas tout à fait les mêmes. Au substrat Heavy, celui de la NWOBHM ou de Manilla Road, qu'apportait le guitariste Peter Vicar, les gars préfèrent un socle mâtiné de Sludge Doom ("Dissolution") cependant que leurs compos, vierges de la moindre trace de guitare mais vibrant au son de deux basses (!) forcément énormes et d'une lenteur suffocante, paraissent plus ramassées, ne dépassant guère les dix minutes là où leurs aînés s'amusaient à aller beaucoup plus loin et plus profondément.
Mais, l'étiquette "Doom finlandais" l'expliquant peut-être, Horse Latitudes est en train de devenir la sensation du moment en matière de riffs monolithiques, ce qu'il doit tout autant à un récent split partagé avec le non moins culte Hooded Menace qu'à une signature avec "Doomentia", label ô combien respectable.
"Awakening", sa seconde offrande, profite de ce contexte aux allures d'état de grâce. Il est un bloc massif, vicié proche d'une cérémonie incantatoire. En six psaumes, dont une intro, les Finlandais nous plongent dans une nuit sans fin dont la seule balise, l'unique lanterne, est la voix de Harri, profonde et solennelle, perçant l'épaisse couche de plomb recouvrant tel une gangue cet album maîtrisé en bout en bout, à la fois monolithique et d'une force souterraine qui gronde à travers les fissures de ces morceaux de roche en fusion.
Une question toutefois : où se termine l'influence et où commence la copie ? Même si les différences, comme nous l'avons déjà évoqué, existent entre les deux groupes, Horse Latitudes aura bien du mal à s'affranchir de cette image de Reverend Bizarre-bis. Il existe cependant pire comparaison...