Les irlandais de God Is An Astronaut nous ont habitué depuis 5 albums à une musique atmosphérique, teintée d'électronique et parfois de psychédélisme. Ce "Origins' ne déroge pas à la règle et nous plonge dans cet univers volontiers aérien mais souvent rythmé dans un environnement de rock tranquille. Les albums instrumentaux, comme celui-ci, constituent toujours un défi pour un public le plus souvent rompu à des mélodies vocales, aux intonations et au relief apportés par le chant. L'autre difficulté réside dans la persévérance dont l'auditeur doit souvent faire preuve pour pénétrer et comprendre la démarche des musiciens.
Autant le dire tout de suite, l'adhésion n'est pas assurée dès la première écoute. Pourtant, à y regarder de plus près, les titres sont fréquemment structurés comme des chansons avec couplets/ponts/refrains. On se dit d'ailleurs que sur plusieurs titres le groupe aurait pu se doter d'un chanteur ou d'une chanteuse sans remettre en cause ses fondamentaux. 'Calistoga' est typiquement le morceau taillé pour ça. C'est peut-être la raison pour laquelle quelques voix plus ou moins trafiquées se font entendre au loin, ici ou là.
'The Last March' porte bien son nom avec une rythmique répétitive et lancinante qui a l'air d'être soutenue par une boite à rythmes. Assez porté sur la guitare, ce titre est très agréable et permet une entrée progressive et entraînante dans l'album. Avec 'Calistoga', le son est plus rock, la guitare et surtout la basse prenant une certaine ampleur avec moult sons électroniques, y compris une voix robotique. 'Reverse World' est plus calme, tout comme 'Autumn Song', ballade au piano mélancolique d'une beauté confondante, appuyée par des cuivres aussi discrets que soignés. Une douceur qui rend un hommage sublime à cette saison qui voit s'enfuir les beaux jours pour pénétrer lentement dans la rigueur de l'hiver.
Certains morceaux sont plus atmosphériques, à l'image de 'Weightless' et 'Strange Steps', renvoyant vers des cieux plus ou moins cléments, envoûtants ou stratosphériques. D'autres s'inscrivent davantage dans une tradition électro pop ou électro rock, comme 'Transmission', 'Exit Dream', ou encore 'Signal Rays. La différence se joue sur la puissance et l'intensité de la batterie assez fluctuante selon l'ambiance voulue. En revanche, la basse de Niels Kinsella fait un travail remarquable tout au long de l'album.
Malgré l'absence de chant, on ne s'ennuie pas une seule seconde à l'écoute de ce "Origins". Les titres ont chacun une identité propre et assez marquée apportant une diversité appréciable. Les amateurs de post rock et de rock instrumental apprécieront !