Il y a un signe qui ne trompe pas, révélant à la fois le succès grandissant des Suédois et la volonté chez ces derniers d'être de plus en plus exposés, ce qu'on ne saurait leur reprocher. Privilégiant au départ sa langue maternelle, comme l'atteste sa première cuvée "Två Sidor Av Horisonten", le groupe l'a ensuite troqué contre l'anglais, conjointement à l'obtention du précieux sésame incarné par la signature avec Rise Above, label plus lisible que le néanmoins tout aussi estimable Crucher Records sous la bannière duquel était sorti son galop d'essai.
"Time Warriors" confirme cette évolution. Et cette ascension surtout. On dit souvent en effet que le troisième album est une étape aussi essentielle que délicate dans une carrière, et ce d'autant plus lorsque ses prédécesseurs ont été bien accueillis, installant ses auteurs parmi les jeunes pousses à suivre de très près. Ce retour de Horisont, un an après "Second Assault", était donc fortement attendu ; il ne déçoit pas.
A l'image des groupes d'autrefois et des années 70 plus spécialement, les Suédois n'ont peur ni de s'afficher simplement en guise d'artwork, ni de proposer un menu de moins de quarante minutes, taillé pour le vinyle. Cette trame resserrée dévoile un des principaux points forts du quintet, à savoir composer des titres toujours très courts qu'irriguent des mélodies accrocheuses qui font mouche immédiatement. Allant à l'essentiel, sans superflu, Horisont résume tout en trois minutes. Seul le terminal "All Must Come To An End", du reste le morceau le plus posé malgré une conclusion enlevée, dépasse ici ce format.
Chaleureuse et auréolé de cette patine Hard 70 aux allures de Graal, le Stoner Rock qu'il façonne s'appuie aussi sur un chanteur à la tessiture gorgée de feeling et à une paire de guitaristes aussi à l'aise dans le riffs nerveux ("Brother"), la rythmique façon Led Zep ("Vänd Tilbaka" au tempo qui s'emballe soudainement) que dans le solo que n'aurait pas renié le Ritchie Blackmore de la grande époque. Cette attaque à la six-cordes fendant "Backstreet" témoigne notamment de cette influence.
Résultat, "Time Warriors", qui marque d'ailleurs le retour discret du suédois le temps de deux titres, enchaîne les hymnes comme d'autres les perles. Depuis "Writing On The Wall" jusqu'à ses ultimes mesures, l'opus, d'une réjouissante simplicité, se révèle un concentré de lignes mélodiques indélébiles, lentes parfois ("Dodsdans"), directes le plus souvent, comme l'illustre ce "Eyes Of The Father" délicatement bluesy.
En définitive, chacun des morceaux mériterait d'être cité tant ils s'avèrent tous plus imparables les uns que les autres, aboutissant à un sans-faute qu'il est permis de considérer comme le meilleur album des Suédois.