D'origine allemande, Alias Eye est un groupe qui m'a complètement bluffé. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il n'a rien de tous les aspects généralement reconnus comme faisant partie intégrante du rock progressif : pas de morceaux à rallonge, pas d'harmonies dissonantes qui demandent une multitude d'écoutes avant de comprendre, non, rien de tout ça. Et pourtant, c'est bon et ça plaira aux amateurs de rock progressif, à n'en pas douter.
La marque de fabrique d'Alias Eye est la note juste au moment juste. Entendez par là que chaque note, chaque intonation n'est pas là pour mettre en valeur un interprète ou faire la démonstration d'un talent particulier mais bien pour servir la globalité du morceau.
Evidemment, le fait que chaque musicien soit à l'évidence très à l'aise dans son registre aide énormément à donner cette impression d'aisance et de fluidité. Le néophite remarquera d'ailleurs immédiatement la chaleur et le feeling d'une voix que je qualifie personnellement d'hors du commun, ainsi qu'un clavier impressionnant non pas de technique mais d'inventivité et d'à-propos dans ses interventions. Le guitariste se caractérise lui-aussi par une présence discrète qui n'empêche pas quelques interventions musclées, le tout épaulé par une section rythmique qui fait groover l'ensemble sans tomber dans l'ennui et le déjà-entendu.
Vous l'aurez compris : Alias Eye est un groupe de musiciens dans l'âme, des vrais comme on les aime. Un morceau comme Just Another Tragic Song résume à lui seul l'esprit : mélancolie, montée en puissance, harmonies opressantes, chaleur, solo à faire pleurer,etc...
Et s'il en reste encore pour me demander où est l'originalité, là-dedans, je leur conseille de porter une attention particulière aux interventions de l'accordéon ou du saxophone. Oui, d'autres l'ont fait avant eux mais force est de reconnaître que cela achève de donner une cohérence à Field Of Names.
C'est beau, c'est talentueux, c'est inspiré. Que demander de plus ?