Huit albums en presque vingt-cinq ans de carrière pour les polonais de Lizard. Ce dernier opus "Master & M" sorti à l’aube de l’été 2013 est un album concept construit en cinq chapitres – de sept à quatorze minutes- et reste dans la lignée de ses prédécesseurs en terme d’inspiration et de références.
Talentueux ? Certes les cinq membres le sont ! Progressif ? Au plus haut point avec une grosse influence provenant de King Crimson voire de Genesis première mouture. Inventifs ? Les nombreux soli de 6-cordes ou de claviers le prouvent. Mais si la musique est de très haut vol, il y a tout de même un écueil de taille que l'auditeur devra surmonter à savoir le chant dans la langue natale du groupe. Les sonorités d'une langue peu courante et l'impossibilité de comprendre les paroles réduisent fortement l'intérêt de cet opus.
Pourtant, l’expérimentation musicale suit les routes bien tracées du maître King Crimnson et de nombreux breaks émaillent l’ensemble des cinq chapitres œuvrant entre des passages guitaristiques jazzy et un jeu de basse de grande classe glissant vers des touches funky ("Chapitre III"). Les guitares se parent de différentes couleurs délivrant tantôt des brûlots solistes tonitruants, tantôt de longues tirades poignantes. Mention spéciale pour le "Chapitre IV" qui sur un rythme mid-tempo monte tranquillement en puissance porté par des nappes de synthé, des attaques chirurgicales de 6-cordes ainsi qu’une basse soyeuse.
Si la progressivité de l’ensemble ravira les amateurs de titres alambiqués, la fusion latente de certaines compositions devrait pouvoir convaincre un panel d'auditeur encore plus large. La barrière de la langue sera, sans aucun doute, le point qui fera pencher la balance dans un sens... mais pas dans l'autre...