Parmi les chefs-d'œuvre du métal de ces trente dernières années, nombreux sont les albums qui ont mûri plusieurs mois voire des années avant de voir le jour pour le plus grand bonheur de nos esgourdes ébahies. Ce n'est vraiment pas le cas de ce 'Resilient' de Running Wild et à plus d'un titre. Principalement parce qu'il fait suite au navrant 'Shadowmaker' sorti il y a seulement 15 mois et qu'entre les deux, Rolf Kasparek a réussi a sortir le premier album de Giant X (encore moins bon) en collaboration avec Peter Jordan. Ensuite, parce que ce 'Resilient' n'est ni un chef-d'œuvre ni le ratage annoncé.
Que ceux qui croyaient la carrière de Running Wild arrivée à son terme se ravisent, Rolf Kasparek n'en a pas encore écrit l'épitaphe. Le revoilà avec un quinzième album en presque 30 ans de carrière. Pour l'occasion, il s'est entouré d'un vrai groupe et la production est un cran au dessus de ce qu'il nous avait fait subir depuis deux ans. Et ce n'est pas le seul changement. En effet, même si de nombreux titres sentent le réchauffé, l'ensemble est bien plus attrayant et le combo allemand renaît quelque peu de ses cendres en cette fin d'année.
L'album offre un florilège de la carrière du groupe avec des brulots heavy/speed ("Fireheart", "Soldiers Of Fortune"), des mid-tempos plus typé Hard Rock des années 90 tels "Resilient" fleurant bon le Accept des grandes heures ou "The Drift", très inspiré des hits de la vierge de fer période 'Piece Of Mind' . Le groupe se permet même, chose rarissime dans la carrière des allemands, un closer épique de près de 10 minutes avec plus ou moins de bonheur (l'ambiance flibustier chère au groupe depuis toujours mais des longueurs et des lourdeurs évitables). Kasparek évite même le piège de la ballade mielleuse puisqu'il n'y en a pas. A la place, il préfère le bluesy et agréable "Down To The Wire" au riff grassouillet et au solo inspiré et le popisant "Desert Rose" fort agréable.
Malheureusement, tout n'est pas aussi divertissant et quelques titres sont en-dessous de cet inespéré niveau. Ainsi, l'évitable "Adventure Highway" et "le lourdingue "Crystal Gold" ternissent quelque peu un tableau dont on imaginait pas qu'il puisse être aussi réjouissant. Alors, certes, les riffs, aussi efficaces soient-ils, sont souvent répétés parfois jusqu'à l'épuisement et les refrains rarement originaux donnent une impression de déjà entendu, mais c'est loin d'être le cas des nombreux soli très inspirés ("Desert Rose", "Fireheart" ou "Bloody Island").
Ce quinzième album de Running Wild place le groupe là où personne ne l'attendait. Rappelant les grandes heures des maîtres du genre tels Iron Maiden, Accept, Thin Lizzy et … Running Wild, Rolf Kasparek nous replonge dans le heavy des années 90 avec un certain plaisir que les inconditionnels du genre sauront apprécier. Loin de la perfection ou de l'originalité, voilà tout de même plusieurs années que les allemands n'avaient pas sorti un album aussi cohérent et aussi plaisant à écouter.