Contrairement à ce que prétend le proverbe, l'habit fait parfois le moine. Preuve en est avec Iron Man dont on devine au seul énoncé de son nom dans quelle marmite il est tombé à sa naissance, celle du Black Sabbath originel bien évidemment, dans le répertoire duquel il ne faisait que piocher à ses débuts à la fin des années 80.
Avant de devenir branchouille grâce au retour d'Ozzy dans le giron maternel, le Sabbath Noir n'a jamais cessé d'être cité dans les prêches des révérends au service de la déesse Doom. Aux côtés de Cathedral, Iron Man n'a jamais désavoué son allégeance au patriarche, accouchant d'albums placés sous le sceau du riff tellurique, de la peau épaisse et tannée comme le cuir avec en sus cet aspect velu typique de la chapelle US dont le groupe est un des plus anciens fidèles. Sa discographie n'est pourtant pas à la hauteur de ce statut de dinosaure, riche de seulement cinq hosties longue durée (en comptant le sujet de cette chronique).
Quatre ans ont passé depuis "I Have Returned". Deux changements notables sont intervenus depuis : une alliance avec Rise Above, un des labels les plus cultes dans le genre et le recrutement d'un nouveau chanteur en la personne de Dee Calhoun au timbre de biker patibulaire. "South Of The Earth" bénéficie de cette double conjonction, mètre-étalon annoncé du pur Doom Metal.
Tout en creusant le même sillon que ses prédécesseurs, l'opus les propulse vers un Everest que nous étions beaucoup à attendre de la part d'une formation qui a su peu à peu digérer sa principale influence, dépasser son étiquette première de Tribute band pour affirmer une vraie personnalité, incarnée avant tout par le guitariste et fondateur Al Morris III. Fils spirituel de Tony Iommi, il tisse des lignes aux allures de câbles qui s'enfoncent dans les profondeurs de la terre, témoins les riffs qui creusent telles de lourdes excavatrices "The Worst And Longuest Day".
Coupé en deux par le bel instrumental "Ariel Changed The Sky" tout en guitare délicate, "South Of The Earth" aligne les enclumes aux allures d'hymnes dont la lourdeur plombée ne freine pas leur puissante accroche, comme l'illustrent les imparables "IISOEO The Day Of The Beast)", "A Wore In Confession" que transpercent aussi les attaques du six-cordistes, sans oublier l'irrésistible amorce éponyme. Complétons ce tour du propriétaire avec "The Ballad Of Ray Garraty", lente pulsation aux superbes harmonies vocales, en guise de point final d'un album parmi les meilleurs du genre sorti cette année.