Sur le papier, la première production des Américains de Lobate Scarp (“Time and Space”) a de l’allure : cinquante musiciens et choristes pour une odyssée de space opéra-rock progressif, l’ambition est clairement affichée. Avec l’originale présence dans le quintette d’un violoncelle électrique, le combo se réclame naturellement de l’influence de Kansas, mais également de celles des glorieux fondateurs du mouvement progressif, Yes et Genesis en tête.
Et c’est vrai qu’il y a du Kansas dans l’entame de certains morceaux (‘The Contradiction’, ‘Save My Soul’), tout comme dans la volonté affichée de sonner rock. Les influences orchestrales des seventies se font sentir çà et là (‘Beginning of Us’, aux effluves caméliens légèrement datés), et le chanteur a un timbre proche de celui de Simon Says, un petit côté Genesis-like donc.
Côté composition, seuls les morceaux d’ouverture et de fin apportent une densité appréciable pour l’amateur de progressif : ‘Time and Space’ décline avec réussite les gammes habituelles du prog’ (breaks, changements et rappels de thème, solos variés ... ), tandis que ‘The Mirror’ montre un côté baroque plutôt réussi. Les autres titres s’écoutent de façon très fluide et sans déplaisir aucun, mais n’arrivent curieusement pas à fixer l’attention, gardant souvent une base pop assez simple qui ne se colore que dans de courts moments par de l’atmosphérique (‘Moment’), plus rarement des touches symphoniques (la fin de ‘Jacob’s Ladder’). Le violoncelle n'est jamais mis en valeur alors que le groupe tient là de toute évidence un élément distinctif.
Au final, il est regrettable que cet album pétri de bonnes intentions ne manifeste pas suffisamment d’originalité pour marquer les esprits, car l’exécution est sans reproche et les compositions tout à fait honnêtes. Un album agréable qui passe dans les écouteurs sans s’arrêter...