En analysant la question sous l’angle des changements palpables opérés, deux choses peuvent être avancées. Les guitares sont moins hargneuses et envahissantes et les textes cherchent moins à choquer que sur l’album précédent. Si ces provocations, finalement très sex-drugs and Rock’n’ Roll, faisaient partie de la substance de Placebo à leurs débuts, l'exercice sur "Battle For The Sun" sentait vraiment la figure imposée. Les petits jeunes de "Without You I’m Nothing" et de "Black Market Music" ont désormais la quarantaine et il était peut être temps en effet que Dame Maturité leur titille l’inspiration.

Classé comme un groupe de Rock Alternatif, Placebo, à l’écoute de cet opus, semble sauter à pieds joints dans la case Pop Alternative. Le côté catchy des mélodies et l’absence de colère des riffs de guitares en sont témoins. De titres Rock en effet il est rarement question ici mis à part sur le morceau éponyme fédérateur et cadencé pour hanter les ondes radio, 'Purify' aux relents très 90’s et l’énergique 'Rob The Bank' au refrain presque Punk. Pop Alternative donc, parfois musclée comme sur la conclusion enlevée de 'Scene Of The Crime', mais souvent en mid-tempo comme sur le commercialement efficace 'Too Many Friends' et le torturé 'Exit Wounds' guidé par une boite à rythme ou en format ballades avec le lancinant 'Hold On To Me' et les magnifiquement mélancoliques 'A Million Little Pieces' et son piano ravageur pour les cœurs, 'Begin The End' et sa savante progression rythmique, sans oublier le glacial 'Bosco' avec ses violons tristes à mourir.