Seulement dix huit mois après un 'Banks Of Eden' applaudi par la critique et le public, The Flower Kings revient avec un nouvel album. Il n'aura donc pas fallu longtemps à Roine Stolt pour se remettre au travail. Une tournée mondiale fédératrice et un line-up inchangé pourront peut être expliquer ce retour aux affaires.
L'album s'ouvre sur "Tower One", titre qui se trouve être le plus long de l'album comme souvent. La musique s'est simplifiée, laissant de côté les éléments symphoniques pour se concentrer sur un rock progressif lêché, très mélodique, fait de lignes vocales efficaces et d'envolées de guitares limpides soulignées par des nappes de claviers typés 70'S. De ce côté, l'apport des Hammond, Fender Rhodes et autres Melotron, maintient l'auditeur entre un rock 70's et l'insolente modernité des textes et de l'orchestration. Le propos est, comme toujours très engagé avec une volonté d'exposer les problèmes politiques, sociaux et environnementaux de notre siècle, à travers le regard d'un ange qui, du haut de sa tour, est incapable d'aider les hommes à résoudre leurs conflit, invitant chacun à s'interroger sur les raisons des ces dissensions.
L'album ne peut se réduire à cet opener, si réussi soit-il. Plusieurs autres titres sauront rappeler à tous que The Flower Kings n'est pas l'une des plus grosses écuries du prog de ces 15 dernières années pour rien. "Desolation Rose" avec son rythme groovy et l'émotion immédiate que procure la mélodie, "White Tuxedos" ou encore le jazzy "Resurrection judas" rappelleront les grandes heures du rock progressif des années 70. TFK se positionne en digne héritier des King Crimson, Genesis, Pink Floyd ou David Bowie.
Aucun titre n'est vraiment supérieur aux autres, mais comme aucun n'est en dessous non plus, c'est un vrai gage de cohérence et d'équilibre. Ainsi, toute aussi ancrée dans les fondamentaux qui font le succès du groupe, la seconde partie de l'album fait la part belle à l'inspiration seventies et aux mélodies enjouées, malgré des thèmes résolument sombres et critiques. La toute fin avec les mélancoliques et pessimistes "Blood Of Eden" et "Silent Graveyard" vient conclure avec brio un exercice que l'on aurait pas imaginé si brillant. A croire que la pause de cinq année produit toujours sont effet de jouvence.
Roine Stolt fait du Flower Kings dans toutes les largeurs. La variété des thèmes rend l'album intéressant du début à la fin et fait passer cette heure de musique en un instant. Très axé sur une recherche mélodique et un propos engagé, l'album ne souffrira pas de nombreuses écoutes pour en apprécier chaque arrangement ou prendre le temps de la réflexion sur des paroles qui ne sont pas là que pour la déco mais appellent à un autre regard sur notre monde.
TFK accouche en 2013 d'un album intemporel qui aurait pu être composé et joué tout au long de ces quarantes dernières années. Pas étonnant que le groupe soit si souvent cité comme référence ou inspiration de nombreuses jeunes formations progressives tant il incarne les fondement du rock progressif et force le respect de ses pairs. "Désolation Rose" est peut-être l'album le plus homogène des Flower Kings parce que le groupe semble en avoir fini avec les expérimentations et trace sa voie dans une direction délibérément choisie et assumée. Un album idéal pour découvrir le groupe et un incontournable pour tous les fans.