LEVIN MINNEMANN RUDESS: Levin Minnemann Rudess (ROCK PROGRESSIF,Jazz) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Levin,Minnemann et Rudess… une réunion de virtuoses qui peut inspirer le pire comme le meilleur. Le meilleur quand on se souvient des deux indispensables disques de Bozzio Levin Stevens et du Liquid Tension Experiment, et le pire quand, dans ce même type de configuration (batterie, basse, clavier), Levin, Portnoy et Rudess avaient sorti un pitoyable Liquid Trio Experiment. La question sur laquelle les doutes sont nuls concerne l’orientation que prend ce genre de disque. Il sera instrumental et technique ou ne sera pas ! Les quelques appréhensions restantes, liées par exemple aux claviers parfois indigestes de Rudess (avec Dream Theater), seront levées au fur et mesure que les quatorze titres de "Levin Minnemann Rudess" s’égraineront.

Plus d’une heure de musique et pas une minute de trop, aucune faute de goût et très peu de démonstration excessive. Les trois musiciens ont trouvé un sacré équilibre sans que jamais une surenchère narcissique ne se fasse entendre. Jordan Rudess est le soliste prépondérant du disque puisque entorse est faite à la structure habituelle qui veut que la guitare soit l’instrument roi. Marco Minnemann n’incarne pas le guitariste virtuose tel qu’il apparaît dans ce genre de trio, et s’en tient à de très lumineux riffs et solides rythmiques (‘Marcopolis’) mais anecdotiques par rapport au poids des autres instruments. Rudess n’a pas volé son surnom de magicien claviériste car il expérimente les sons et les textures plus que dans aucun autre de ses albums, les mettant au service de trames variées et riches harmoniquement. Nul besoin de revenir longuement sur la section rythmique. Levin et Minneman confirme leur maîtrise, leur classe et leur justesse, quelque soit le style abordé.

C’est d’ailleurs les deux rythmiciens qui ont apporté les idées initiales sur lesquelles Jordan Rudess est venu poser ses claviers. Le duo fait un travail titanesque largement aussi important que les mélodies de Rudess notamment sur les morceaux ‘Twitch’, ‘Ignorant Elephant’ et surtout le jubilatoire ‘Afa Vulu’ et son jumeau léthargique ‘Descent’. "Levin Minnemann Rudess" est construit comme un ingénieux puzzle rock progressif et fusion expérimental dont les pièces s’assemblent avec une surprenante fluidité. Les inspirations sont à chercher du côté de King Crimson (‘Ignorant Elephant’) et Frank Zappa (les solaires ‘Frumious Banderfunk’ et ‘Mew’) pour la folie jazz et expérimentale, et Pink Floyd pour les séquences les plus calmes et les plus envoûtantes (‘Enter The Core’ et le sublime ‘Service Engine’). Il n’est pas étonnant d’entendre ici ou là quelques idées qui auraient pu apparaître sur les derniers albums solos de celui qui fait une des meilleurs synthèses actuelles du genre, à savoir Steven Wilson (‘Lakeshore Lights’, ‘Mew’ ou le final de ‘Service Engine’).

"Levin Minemann Rudess" est difficilement classable et les quelques noms avancés précédemment ne donnent qu’une partie de la réponse. Bien qu’ayant été assemblé dans trois studios différents la collaboration n’a pas le côté superficiel ou virtuel que l’on aurait pu craindre. Moins ésotérique et hermétique que respectivement Bozzio Levin Stevens et Levin Torn White, et ayant un supplément d’âme supérieur au Liquid Tension Experiment, ce "Levin Minnemann Rudess" se place comme un des grands disques de trio d’instrumentistes qui par sa densité et sa minutie offrira de longues heures de découverte et de plaisir.

LEVIN MINNEMANN RUDESS

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