Quand l'hiver frappe dans le Grand Nord et que le froid s'abat, on envie le soleil sec de la Californie et on cherche à se réchauffer. Mais à défaut de grandes highways inhabitées et de moteurs de voitures crasseuses, on branche les grands Marshall comme autant de radiateurs surdimensionnés et on fait souffler, à sa façon, la poussière du désert.
The Black Explosion hérite donc ses influences majeures de la scène de Palm Desert, tout ce que les descendants de Kyuss ont produit de meilleur, mais transpire également le psychédélisme des années 70 (on pensera par moment à 'Sunshine Of Your Love' de Cream).
Les guitares sont incisives, rêches comme des planches rouillées, avec ce fuzz tout particulier au Stoner (l'intro de 'Mothership'). Les soli sont très psychés, partant dans l'immensité de trips hallucinés à grands coups de substances illicites (toujours sur 'Mothership', ou encore 'The Void' et son phaser hypnotique). La section rythmique n'est pas en reste : Freekin' Free reprend pratiquement la ligne de batterie de 'When The Levee Breaks' de Led Zeppelin, et le reste du morceau n'est qu'un déluge de groove lancinant et frétillant. La basse entretient également son fuzz de 1ère qualité, sur 'Blow It Away'.
Mais c'est la voix qui surprend peut-être le plus : plutôt haut perchée et puissante, elle dénote des chants poilus, rauques et embrumés de cette scène. Chris Winter va chercher dans un registre plus inspiré du Ozzy Osborne des débuts de Black Sabbath, ravivant la flamme 70s présente sur l'album. Celle-ci permet de rompre avec la lourdeur des riffs stoner, tout en conservant le groove global du son de The Black Explosion. 'Golden Future' ou 'D-471' se veulent donc plus secs, plus directs et efficaces et le mélange est réussi.
On notera finalement une production parfois un peu étrange, avec le buzz des amplis audibles en fond. Cela peut géner, ou rajouter du cachet, c'est à l'appréciation de chacun.
Dans l'ensemble, ce "Elements Of Doom" est réussi et arrive à sonner résolument moderne en dépit d'influences anciennes. Les riffs frappent juste, la voix emporte, tout est là pour faire un bon album qu'on écoutera en boucle pour se laisser transporter, et ressentir en cette fin d'années un peu de la chaleur et du vent torride du désert.