Derrière I'Anson se cache le projet d'un homme, Hugh Carswell (I'Anson est le nom de son grand-père), qui ayant quitté Londres pour l'île de Jura à l'ouest des côtes écossaises a été pris de l'envie de rendre hommage à cette terre d'accueil au travers de son premier album.
Pour ce faire, il s'entoure d'un duo rythmique et d'un orchestre de cordes auxquels il associe sporadiquement quelques invités pour donner des touches de couleur (chœurs, alto, violoncelle, trompette, saxophone et flûte). Hugh Carswell quant à lui chante et joue de toute une panoplie d'instruments, de la guitare au piano en passant par la mandoline, l'orgue Hammond, l'harmonica ou encore le glockenspiel.
A l'énoncé d'un tel instrumentarium, on pourrait s'attendre à une musique ample, pour ne pas dire symphonique. En réalité, l'ambiance est plutôt confidentielle et cosy. Les mélodies sous forme de ballades mélancoliques sont souvent jouées à un rythme mid-tempo et portées essentiellement par des lignes pures de piano ou de guitare acoustique. La rythmique a le bon goût d'être présente quand il le faut mais de savoir rester discrète. La voix d'Hugh Carswell est veloutée et chante dans un registre apaisé, sans violence ni révolte. Elle grimpe parfois délicieusement dans les aigus, juste et touchante. L'orchestre de cordes, quand il ne sert pas à créer un fond sonore ouaté, monte dans des crescendos emphatiques donnant un souffle grandiose à certains titres.
Les compositions sont délicates et sensibles. L'amour que Hugh Carswell semble porter à ce bout de terre perle en filigrane de chaque mesure et rend cet album attachant. On est transporté au coin d'un feu, en famille, dans une ambiance feutrée et chaleureuse, dans une atmosphère "coin de campagne où il fait bon vivre" bien restituée. Néanmoins les bons sentiments associés à toutes ces belles qualités ne suffisent pas à faire de "In Chances of Light" un disque parfait. Tous ces titres dont les nuances varient du piano au mezzo forte, dont les tempos changent peu, finissent par se ressembler dans leur mélancolie et leur intimisme et se transforment insensiblement en airs de piano-bar, certes agréables mais qui peuvent vite servir de fond sonore au bruissement des conversations.
Il en faudrait certainement peu pour rompre le ronron dans lequel s'installe peu à peu l'auditeur. Mélangeant chansons, musiques de film et de relaxation ponctuées de quelques touches de classique, "In Chances Of Light" est une belle découverte qui manque juste d'une pointe de vivacité pour être pleinement réussie.