Les huit titres forment un ensemble homogène et ne nécessitent pas de multiplier les écoutes pour les trouver plaisants. Ils s'apprivoisent vite même s'ils suivent assez rarement une structure linéaire couplet/refrain. Les instruments profitent souvent de la liberté qui leur est offerte pour emplir l'espace de longs solos envoûtants. Ainsi le titre d'ouverture, 'Third Wave Of Decadence', est un instrumental façon post rock musclé dont les mélodies en boucles de plus en plus rapides constituent une entame dynamique. Sur 'Illusion', le chant ne fait son entrée qu'au bout de 6'45" après de longues envolées de guitare tandis qu'il s'éclipse sur la seconde partie de 'Long For You' au profit de la batterie ou qu'il encadre le pont musical de 'All I Need', un solo d'orgue que Jon Lord n'aurait pas désavoué.

Les influences de Deep Purple ne sont d'ailleurs pas sensibles que sur ce seul titre et State Urge tâte régulièrement d'un hard rock très seventies qu'il tempère de mélodies plus planantes, faisant parfois penser à Pink Floyd, notamment sur 'Illusion', le titre de l'album qui se rapproche le plus du progressif. Entre les deux, leur rock s'apparente à des groupes aussi différents que Coldplay, Mercury Rev ou même Muse.

Le point fort du groupe est incontestablement son sens de la mélodie, élégante, racée, simple et efficace, qui traverse tout l'album. Néanmoins, "White Rock Experience" n'est pas exempt de tout défaut. Certaines idées sont parfois contestables : la batterie électronique sur le final de 'Long For You' a un petit côté techno qui colle mal avec le reste, le chant nasillard de 'All I Need' fragilise un titre par ailleurs excellent. Enfin, si le chant n'est pas désagréable (on croit souvent entendre David Gilmour), il reste parfois un peu juste et manque de charisme sans toutefois que cela constitue une véritable gêne.