Il nous faut reconnaître notre ignorance et avouer que malgré déjà cinq rondelles (dont ce petit dernier) sous le coude étalées sur une période de six ans, nous étions passés à côté de Eyes Set To Kill. Avons-nous pour autant manqué grand chose ? A en croire le succès de ce combo américain classé par le magazine Alternative Press parmi les « 100 groupes que vous avez besoin de connaître », nous serions tentés de répondre par l’affirmative. Que celui-ci soit notamment emmené par deux demoiselles, les sœurs Rodriguez, Alexia et Anissa, respectivement chanteuse/guitariste et bassiste, pouvait aussi nous faire regretter cette lacune aujourd’hui réparée.
Bien que peu enthousiasmés par l’étiquette « Metalcore » qu’arbore Eyes Set To Kill, c’est avec une certaine bienveillance que nous avons donc entamé des préliminaires par le biais de "Masks", son nouvel album mais le premier à sortir sous la bannière Century Media, sans laquelle nous ne l’aurions d’ailleurs peut-être même pas découvert. Premier constat, les Américains ont dû téter avec avidité les mamelles d’Evanescence, influence qui perle des lignes de chant d’Alexia, claires et puissantes à la fois.
Mais la belle n’est pas la seule à gueuler dans le micro, s’accouplant parfois – et trop souvent - avec un organe mâle, celui de Cisko MIiranda (‘Lost And Forgotten’, ‘True Colors’), copulation dont le groupe pourrait pourtant se dispenser car il n’enrichit en rien des compositions au canevas trapu que propulse cette grosse patte typiquement US avec ces guitares au lourd fuselage (‘Secrets Between’). Ne serait-ce d’ailleurs ces growls masculins, cette appellation Metalcore semblerait presque usurpée en cela que la musique forgée par ESTK noue au final presque plus de liens avec un Lacuna Coil néanmoins gonflé aux testostérones qu’avec le Post-Hardcore dont on ne décèle aucune trace, hormis cette couche sédimentaire énervée (‘The New Plague’).
Pour le reste, il s’agit donc d’un Metal moderne de grande consommation, pas désagréable en bouche, comme l’illustrent des titres bien calibrés de l’acabit de ‘Infected’ ou de ‘Killing In Your Name’ aussi vite digérés qu’ils sont avalés. On lui sait gré aussi de ne pas nous inonder de sirupeuses ballades, registre totalement absent de ce disque couillu à l’énergie qui transpire une urgence presque Punk.
Le corset généreusement rempli et pouvant s’appuyer sur un enrobage sonore ad hoc, "Masks" devrait cartonner sur les ondes américaines, auprès d’un jeune public auquel il est naturellement destiné, davantage en tous cas qu'auprès d’oreilles exigeantes habituées à plus de profondeur et de personnalité, deux qualités qui font défaut à Eyes Set To Kill.