Ces dernières années, la scène semble en proie à une remise en question profonde, voire à une rupture entre les groupes issus de la vieille école et porteurs des messages et attitudes originels, et d'autres qui tentent de faire évoluer le genre en l'ouvrant sur d'autres cultures musicales. On pense notamment à la scène post-black, avec en tête de lice Krallice, Liturgy et surtout Deafheaven et son excellent "Sunbather.
Norrsköld se rapprocherait plutôt de la seconde catégorie ne se limitant pas aux poncifs de ce genre pourtant très codifié. Mais ce one-man project conserve tout de même un héritage nordique, imprégné des formations de métal extrême scandinaves mais aussi de l'imagerie fantasmagorique et hivernale.
A la base de "Blessings Of Winter", on retrouve donc des plans basiques du black-metal, voix écorchée, guitares vrillantes, batterie explosive et insistante. Cependant, on est loin de l'univers sombre, oppressant, dérangeant. Norrsköld fait ici plutôt dans l'épique à grands coups de riffs et de cavalcades. 'Dead Meadows' illustre très bien la tendance générale de l'EP, avec une intro typique du métal à la In Flames avec ces guitares qui se doublent à la quinte. Si le refrain tend presque vers le power metal, le final surprend par un groove inattendu et franchement agréable.
Si 'Night Castle' et 'Dreamless' évoluent dans un registre plus extrêmes, 'Solar Prominence', entièrement instrumental, montre la volonté de Henrik Bodin-Sköld, la tête pensante de Norrskold, d'ouvrir sa musique à tout un univers mélodique. Et ce penchant est poussé au maximum sur "Blessings Of Winter" avec le morceau éponyme ou l'intro de 'Where Death Smites' dans lequel les guitares délaissent leur saturation et déroulent de jolies balades mélodieuses, évoquant des promenades dans les forêts gelées du Grand Nord. Ces passages rappellent notamment l'album "Damnation" de Opeth, groupe dont l'inspiration semble majeure sur cet album tant dans les arrangements que dans la volonté.
Alors certes, en écoutant cette première production de Norrsköld, on a l'impression de faire un voyage musical à travers les scènes norvégienne, suédoise et finlandaise, dans une sorte de résumé de l'influence qu'elles ont apportés. On pourrait presque mettre un nom derrière chacun des riffs, et en cela , "Blessings Of Winter" manque un peu de personnalité. Mais on ne peut pas nier une volonté solide de ne pas s'arrêter à un seul style, de vouloir digérer tout ce qui se fait de mieux dans ces contrées pour en sortir une musique propre et agréable à défaut d'être innovante.