Quand Flying Colors sortit son premier album, en début d’année dernière, ce fut comme un rêve devenant réalité pour votre serviteur. Un peu à la manière d’un Transatlantic pour la concentration de talent au mètre carré mais avec des protagonistes venant d’horizons plus éclectiques, le quintet emmené par les Deux Morse affichait une solide entente qui transparaissait dans une musique facile d’accès et très mélodieuse. Rien d’étonnant donc à ce que le groupe veuille si rapidement immortaliser une de ses prestations live.
"Live In Europe" est un double album qui met logiquement en valeur l’intégralité de "Flying Colors" mais son autre intérêt réside dans les morceaux qui ont été piochés dans les répertoires respectifs des membres du groupe. Outre un ‘Can’t Find A Way’ d’un obscure groupe appelé Endochine le best-of présenté par nos protagonistes est un vrai atout en concert pour enflammer les foules. Jugez plutôt : ‘Odyssey’ de Dixie Dregs (album "What If") est un des meilleurs sinon le meilleur morceau de Morse dans sa période Dregs, ‘Hallelujah’ de Leonard Cohen merveilleusement chanté par Casey McPherson, ‘Repentance’ un des morceaux qui relève le niveau de "Systematic Chaos" de Dream Theater et ‘June’ pour Neal Morse en hommage à ses années Spock’s Beard. Dave LaRue se fend d’un ‘Spur Of The Moment’ en solo qui fait la démonstration de tout le toucher de cet éternel compagnon de Steve Morse.
L’appréhension quand à l’adaptation en concert des morceaux surproduits de l’album studio est la seule réelle interrogation. Si la richesse et la densité originales ne sont pas parfaitement restituées lors du spectacle, le côté plus brut sied parfaitement aux compositions qui trouvent ainsi une seconde vie compensant une interprétation au cordeau. Les seules différences notables résident dans des tempi ralentis pour certaines pistes (‘Everything Changes’) et un peu de fantaisie dans les chorus pris par Steve Morse (‘Infinite Fire’ et ‘Repentance’). Même les ballades qui auraient pu plomber une partie de l’énergie que s’efforcent de déployer ce groupe incroyable passent l’épreuve avec brio. Hormis le manque de relief de certains chœurs (le refrain de ‘Infinite Fire’) et la relative discrétion de Neal Morse qui handicape légèrement l’impression vocale du groupe, il ne manque plus que les images à ce "Live In Europe" pour devenir indispensable.
Pour ceux qui n’ont pas pu voir le groupe Flying Colors en live, un DVD prévu à la vente ajoutera au plaisir de l’écoute, celui de contempler la complicité déjà très forte entre Neal Morse et Mike Portnoy, qui lie les membres de ce jeune groupe. Avec un seul album au compteur Flying Colors arrive à faire le spectacle pendant une heure quarante et la grande expérience de chacun des protagonistes alliée à la qualité des compositions assurent l’essentiel de la réussite de cette restitution.