2 ans après son premier album « solo » - si l'on considère que « Biomech » est à mettre au crédit de Devin Townsend et non son énième projet Ocean Machine - le canadien nous revient avec un album moins imposant que son prédécesseur par sa teneur… Mais n’allez pas imaginer pour autant que « Infinity » soit moins recommandable que « Biomech ». Il est seulement moins ambitieux conceptuellement parlant… Car pour ce qui est de la prise de risque -en tant que telle- elle est optimum…
En effet, dans ce nouveau chapitre de la carrière du canadien, l’accent est définitivement plus orienté sur des sonorités modernes et les délires qui vont avec… le tout supporté par une session rythmique de folie et notamment l’arrivée de son vieux compère de Strapping Young Lad, le monumental Gene Hoglan derrière les fûts !
Le côté dérangé de Devin est plus que jamais mis en avant sur cet opus avec des délires alienesques donnant à ce « Infinity » des allures de « Passion & Warfare » de son ex-mentor Steve Vai… Mais résumer « Infinity » à une succession de délires ubuesques serait restreindre la description de cet album à une partie de la richesse de ce dernier…
Le grandiose introductif « Truth » véritable condensé de ce que le canadien est capable ouvre les festivités… Ce n’est pas pour rien que ce dernier considère ce titre comme celui à faire écouter à tout néophyte de son art et en raison de l’enchevêtrement de notes qui se mêlent harmonieusement les unes aux autres pour monter au firmament les sublimes harmonies vocales du maître dans une apothéose explosive ! Pas de répit, on enchaîne dans la foulée sur un « Christeen » au refrain catchy au possible comme seul sait le faire Devin Townsend sur lequel son chant fait encore une fois merveille… Un titre qui fait ‘mouche’ ! Au titre des fameux délires susmentionnés, on trouvera « Bad Devil » et ses cuivres à la Fishbone et un break sonnant très « piano-bar » ; un morceau délirant et terriblement envoutant ! Dans le même esprit, on citera également « Ants » dans lequel l’influence de Steve Vai version « Sex & Religion » est indéniable avec ses faux airs de « Pig » pour le côté délirant et des démonstrations guitaristiques à la « Down Deep Into the Pain »… Entre ces deux perles, on trouvera un « War » ou un « Soul Driven » dans la pure tradition des titres heavy atmosphérique de Devin Townsend… Voici pour résumer l’entrée et le plat de résistance pour le moins consistants.
C’est au niveau du final que l’on peut se sentir léser avec l’instrumental atmosphérique « Unity » répétitif ou encore « Colonial Boy » aux chœurs que l’on croirait tout droit sorti des gosiers de gremlins en extase devant la « Belle aux Bois Dormant » qui, bien que sympathiques, s’éternisent inutilement pour le premier ou n’apporte vraiment rien en général… Fort heureusement, le canadien rattrape le coup en nous proposant le final étourdissant « Noisy Pink Bubbles » à l’originalité évidente qui débute avec une intro totalement déstructurée tant est si bien que l’on se demande si nous ne sommes pas revenu à la bonne époque du vinyl auquel on aurait imprimé une mauvaise mesure de tour/seconde… puis arrive le bouquet final chatoyant au possible aidé en cela par le chant hyper mélodique du maître !
Au final, le canadien nous livre avec ce « Infinity » une nouvelle œuvre de tout premier plan, un poil en deçà de son prédécesseur notamment en raison d’une cohérence et d’une ligne directrice moins évidente, rendant l’ensemble moins compact… Un album – encore une fois - bien au-dessus de la nasse des productions métal en général !