Sans sa plantureuse tigresse derrière le micro, Benedictum aurait-il bénéficié de la même attention ? Rien n'est moins sûr en effet car, bien que loin d'être mauvaise, sa musique n'a jamais vraiment brillé par sa franche originalité, biberonnée au Heavy Metal le plus classique. Profitant de l'engouement pour les femmes dans un univers au départ pourtant si masculin, le groupe américain peut toutefois au moins compter sur deux attributs de poids : son goût pour les tempo épais et, bien entendu, sa chanteuse dont la plastique n'a d'égale que la hargne de ses puissantes lignes vocales. C'est peu mais néanmoins suffisant pour que l'on suive avec un intérêt, certes lointain, les aventures de cette formation de série B.
Né sous le patronage de Dio dont il a attiré à ses débuts l'attention du guitariste Craig Goldy, Benedictum s'inspire du visage le plus lourd du regretté lutin et du Black Sabbath des années 80. Le duo que forme Veronica Freeman avec l'injustement mal-aimé Tony Martin, sur la power-ballad 'Try', seule réelle pause de ce nouvel album, illustre notamment ce patronage. Ce morceau ne se révèle du reste pas l'extrait le plus mémorable de ce quatrième opus dont on préfère les moments les plus efficaces, honnêtes compositions bien que vierges de la moindre innovation, de la plus petite prise de risque.
"Obey" ne commence pourtant pas sous les meilleurs augures avec ce 'Fractured' (trop) pesant et plombé par un air tenace de déjà-entendu. Heureusement, la suite tisse peu à peu sa toile grâce au chant toujours impressionnant de sa déesse et à des mélodies nerveuses usinées par des musiciens à l'assurance de vieux briscards. Parmi ceux-ci, on retrouve d'ailleurs l'ancien batteur de Jag Panzer, Rikard Stjernquist auquel ce Heavy Metal sévèrement burné convient très bien. 'Scream' et ses saillies de bucheron, 'Thornz' aux teintes des plus sombres et menaçantes ou le titre éponyme assurent ainsi le quota de plomb et de réussite, modeste mais agréable.
L'album a enfin le bon gout de s'achever sur son morceau de bravoure ('Retrograde'), longue pièce épique de sept minutes au socle massif dont les ambiances ne sont d'ailleurs pas sans évoquer le Sabbat Noir de l'ère Tony Martin et "Headless Cross" en particulier. Veronica s'y époumone (un peu) moins, misant davantage sur l'envoûtement de lignes vocales - toujours viriles cependant - tandis que Pete Wells abat des riffs gros comme des câbles à haute tension avant de zébrer le canevas d'un solo ravageur.
Tout cela ne fait pas de 'Obey' un grand disque, lequel a peu de chance de moissonner un public plus vaste qu'à l'accoutumée. Il reste pourtant de bonne facture et dans la droite lignée de ses prédécesseurs.