Si l'Autriche n'est pas un grand pourvoyeur de talents dans le monde metal, c'est pourtant la patrie d'origine du fondateur et leader du projet Circle Of Illusion. Il aura fallu près de cinq ans de travail à Gerald Peter pour mener à bien son projet de concept-album sur fond d'opéra-rock 'Jeremias - Foreshadow Of Forgotten Realms'.

C'est une petite troupe qui constitue le groupe avec pas moins de huit musiciens ou vocalistes dont trois femmes (deux chanteuses et une violoniste). Un groupe à part entière dont la cohésion saute aux oreilles tout au long de l'album. Les voix féminines conjuguées à l'organe puissant et rauque de Taris Brown renforcent l'aspect narratif de l'ensemble même si 'Jeremias' ne contient aucun passage parlé. Gerald Peter réalise un travail colossal sur l'orchestration et derrière ses claviers. Il y alterne les nappes enveloppantes symphoniques et les parties de piano. Il crée de nombreuses ambiances musicales suffisamment variées pour ne pas lasser l'auditeur malgré les 80 minutes de l'album. Si le thème de concept d'opéra métal progressif et symphonique prédomine, les ambiances funky et jazz voire très typées acid-jazz par moments ("The Run" ou "The Party") ne sont pas rares et apportent une certaine fraîcheur au style. 

Dès les premières mesures de 'Overture', le ton est donné : une orchestration symphonique à la production impeccable et au son énorme et enveloppant pose les jalons d'une œuvre ambitieuse sur le plan créatif. Le concept d'opéra métal prend tout son sens dans l'harmonie entre l'orchestration théâtrale et les riffs rugueux. C'est le domaine de Rupert Träxler qui officie avec brio (mais tout seul) aux six cordes rythmiques et solo. Il est pour beaucoup dans la cohérence du côté métal de l'album.

Il est bien difficile de ressortir individuellement des titres dans un concept album aussi dense, mais "Closing Doors" (qui a constitué le point de départ du concept en 2008) pour son orchestration subtile et sa frénésie, "The Run" pour ses riffs percutants et sa basse groovy, et "Nightmare" qui conclut l'œuvre avec majesté dans un débordement progressif symphonique sont quelques morceaux de bravoure qui, en plus de susciter l'admiration pour  leur originalité savent faire naître nombre d'émotions chez l'auditeur.