Nouvelle gemme extraite de la banquise par Glacial Movements, label précieux et rare dont on ne parlera jamais assez, AquaDorsa est l’aire de jeu de musiciens transalpins réputés dans le domaine de l’ambient, Enrico Coniglio (guitares, synthétiseurs, samples) et Oophoi (synthés, pianos et diverses autres sonorités curieuses). "Cloudlands" est leur dialogue.
Les deux artistes à la palette complémentaire tissent un kaléidoscope d’images glacées dont le visuel de l’album est le miroir exact. Entièrement instrumentales, ces longues nappes ont toutes comme vecteur commun une tessiture nuageuse, aérienne. AquaDorsa nous convie à un voyage planant que des sons électroniques étranges ('A Pillow Of Clouds', 'The Pond Reflected Her Smile'…) entraînent aux confins de l’onirisme voire du fantastique.
Plus quelconque lorsque le duo se contente de libérer des effluves proche du post rock intimiste ('Syhan'), "Cloudlands" n’en demeure pas moins une œuvre au pouvoir d’envoûtement palpable grâce à une plastique ambient à laquelle vient se greffer une myriade de bruits apaisants… ou pas du tout lorsque par exemple une sorte de larsen couine comme sur 'Zero Gravity' notamment.
De fait, l’album ne s’envole pas là où on l’attendait de prime abord. Moins stratosphérique et nébuleux que prévu, "Cloudlands" est trop souvent perturbé par des interférences bizarres pour se résumer à une simple échappée synthétique. Du haut de ses plus de 18 minutes, le sombre et superbe 'Alone In The Rising Fog' illustre parfaitement cette ambivalence.
Voilà dans tous les cas une réussite honorable, bien que sans doute trop longue et trop froide, de la part de ses deux musiciens, quand bien même on préfère les travaux en solitaire d’Oophoi. On attendra néanmoins avec une grande impatience une seconde offrande de leur part car le potentiel de cette collaboration n’a probablement été qu'à peine déflorée…