Bien qu'officiellement ressuscité en 2010, ce n'est vraiment que trois ans plus tard qu'Empyrium est de retour dans les bacs, entre DVD, live et EP tout d'abord, en attendant le successeur de "Weiland" ensuite. Malgré cette activité, Schwadorf n'oublie pas The Vision Bleak qui s'est imposé depuis 2003 comme son principal port d'attache sans toutefois faire oublier son aîné jamais remplacé. Du reste, malgré la signature reconnaissable entre mille de l'Allemand, autant en terme de son (dont il est le responsable sous le nom de Markus Stock) que d'ambiances et arrangements, les deux groupes ne braconnent pas sur les mêmes terres, atmosphériques et pastorales pour le premier, plus brutes et horrifiques pour le second.
Si "Set Sail To Mystery", en mettant l'accent sur ses atours les plus ténébreux et sophistiqués, semblait marquer une légère évolution par rapport à ses trois devanciers, "Witching Hour" renoue quant à lui avec une accroche plus directe et Dark. De fait, on serait tenter de le rapprocher de la puissance tranchante de "The Deathship Has A New Captain". Mais, outre le fait qu'aucun album du tandem germanique ne se ressemblent vraiment, ce serait commettre un raccourci que de ne voir en lui qu'un retour en arrière car il est bien plus que cela.
L'oeuvre trouve dans les mythes et légendes forestières un combustible sombre et intense qui sied à merveille à cette musique difficile à cerner car extrêmement personnelle, couramment étiquetée Horror Metal et se situant quelque part à la croisée d'un Gothic boisé et d'un Dark Metal aux contreforts martiaux.
Mélange habile de riffs assassins et de volutes crépusculaires, "Witching Hour" ne perd pas de temps en palabres, déboulant dès le court prologue éponyme emballé, avec l'acéré 'A Witch Is Born'. Direct, le titre se dresse sur des riffs massifs et ultra plombés. Pourtant, dès 'The Blockberg Rite', le menu se montre en réalité beaucoup plus mouvant. Plus intéressant surtout.
Tout en plaquant des tempos terrassants à arracher la tapisserie des murs, à l'image de 'Hexenmeister', rapide et nerveux, The Vision Bleak nous entraîne le long d'une sente qui s'enfonce dans les arcanes d'une forêt peuplée de créatures nocturnes aussi envoûtantes ('The Valkyrie') qu'inquiétantes ('Cannibal Witch'). Comme toujours, le groupe érige des paysages à la beauté crépusculaire. 'The Wood Hag', que guide un clavecin aux teintes gothiques sombrement flamboyantes, illustre par exemple ce lustre frissonnant.
Les lignes vocales d'une belle variété, un chemin souvent escarpé bordé de nombreux ravins ('Pesta Approaches') et cette faculté toujours intacte à faire jaillir des soli d'une glaciale pureté, comme lors du final de 'The Call Of The Banshee', définissent un album bien plus riche et complexe qu'il n'y parait de prime abord, bénéficiant selon les habitudes de ses auteurs d'une conception d'orfèvre.
Ramassé, "Witching Hour" se voit enrichi dans sa version limité d'un étonnant diptyque baptisé 'Witchery In Forests Dark', aux confins de la Dark Ambient. Mais ces quinze minutes, si elles s'agrègent d'une manière cohérente à l'album, tournent à vide et ne sauraient passer pour autre chose que le bonus anecdotique d'un très bon cru, lequel réussit là où "The Wolves Go Hunt Their Prey" échouait, alliage de puissance et d'atmopshères. Additionné au retour d'Empyrium, ce cinquième album confirme que Schwadorf vit bien actuellement une des périodes les plus fécondes de sa carrière.