C'est ainsi que l'album est régulièrement émaillé de titres légers et très connotés comédie musicale comme la champêtre intro qu'est 'Dawn' ou le court trio présentant les personnages 'Saffron Dormouse and Lizzy Bee' (duo partagé entre la voix haut perchée d'Helen Chapelle et celle groovy de Barry St John), l'accordéonesque 'Harlequin Hare' (écrit par Glover) et un 'Old Blind Mole' jazzy et tout en percussion. Dans ces titres, courts mais assez nombreux, les voix théâtrales et la trame musicale légère viennent accentuer l'effet recherché et le côté bon enfant de l'ensemble.

Mais cette histoire, très bucolique, laisse tout de même place la moitié du temps à quelques morceaux fouillées et solides comme le mélancolique et instrumental 'Magician Moth', un 'No Solution' très réussi et contagieux de Mickey Lee Soule (Rainbow), bien ancré dans son époque avec chœurs, sax et groove à l'appui ou 'Behind The Smile' à la mélodie naïve mais habité par la voix profonde d' un Coverdale en passe de devenir avec Purple une star mondiale. Plus loin encore nous croisons au fil de l'histoire un 'Fly Away' un peu Folk, un 'Waiting' très Soul magistralement interprété par Jimmy Helms ou un 'Sir Maximus Mouse' à l'esprit Hard Rock grandiloquent.

Et puis bien entendu Dio vient exploser les conteurs (notez le joli jeu de mot) à trois reprises, le superbe 'Sitting In A Dream' mélancolique à souhait et dont la superbe mélodie résonnait encore au Royal Albert Hall en 1999, le nostalgique final 'Homeward' et of course l'inoubliable 'Love Is All' (à redécouvrir ci dessous), mondialement connu et réel hit en France puisque lancé à l'époque au moindre problème technique sur Antenne 2.  A noter également le fédérateur 'Little Chalk Blues' de John Lawton et le 'Get Ready' tout en cordes, cuivres et énergie positive : "Debout, Debout ! Il est l'heure de se lever, le soleil brille" chante en ouverture un Hughes euphorique !

Tout au long de ces 20 titres, la trame musicale reste riche et multi instrumentiste, mélangeant grand piano, piano bar (l'imbibé 'Together Again' de Tony Ashton, autre voisin de la famille Purple), violon, sax et cuivres, tabla et percussions, scie ou ensemble de cordes (le tragique et inquiétant 'Watch Out For The Bat') aux basses, guitares et autres batteries. Glover, qui partage la basse avec le célèbre Mo Foster (Sting, Phil Collins, Beck, Clapton…) s'essaye pour l'occasion à nombres de ces instruments auprès du guitariste Ray Fenwick, bien connu des milieux Prog et Hard Rock. Bref, si l'esprit est léger, ça joue sévère !