Cliffhanger fait partie de ces groupes des années 90 qui ont éclos trop tôt. Le old-néo prog que les bataves distillait était trop proche de ses glorieux anciens (Genesis, Camel) et sûrement trop en avance pour profiter de la magie d’internet. Edité chez SI Music - qui fût le top de ce que pouvait faire le prog à cette période avec Cyclops - le groupe eut un succès d’estime totalement justifié. Cette réédition chez Freia se trouve agrémentée – en plus d’une remasterisation de l'album original - de treize compositions inédites que l'on retrouve en majorité sur le second CD.
Mais penchons-nous sur la première galette. La version originelle a subi une belle cure de jouvence avec la disparition totale du moindre petit souffle. Le mixage permet de rendre honneur au très beau travail datant pourtant de presque vingt ans. Le propos de Cliffhanger lorgne donc vers un old-néo prog inspiré du progressif des années 70. Les compositions sont farcies de breaks et les sons utilisés par les claviers du fondateur Dick Heijboer ramènent aux grandes heures des mellotrons et autres orgues hammond. Les guitares n'ont pas de rôle majeur et soulignent essentiellement les multiples changements de rythmes. La section rythmique est exempte de tout reproche et supporte l’ensemble de fort belle manière.
L’autre attraction de ce disque est la voix de Rinie Huigen qui se positionne entre deux Peter : Nicholls (IQ) et Gabriel. Elle se joue des différentes atmosphères – notamment dans la longue suite ‘Bad Dreams (Cruel Visions)’- jouant avec les soli de claviers dans le cadre de duo joliment travaillés. Finalement, il n'y a que très peu de périodes totalement instrumentales mis à part un ‘Remaing Rancour’ totalement endiablé. Les deux titres bonus sont un cran en dessous tant au niveau développement – si ce n’est la longue introduction instrumentale - qu’au niveau mixage. La prise de son de la batterie est plus légère, la basse est lointaine et la voix plus nasillarde.
Les onze titres présents sur le deuxième CD semblent avoir été enregistrés en public. Deux plages (‘Colossus’ et ‘Kill Your Darlings’) sont présentes sur l’album de 1995. Elles apparaissent ici assez fidèles aux originales. Les neuf autres compositions souffrent évidemment du poids des années mais restent cohérentes dans l’idée générale.
Cliffhanger signe un retour remarqué via cette réédition et laisse même espérer un album futur. Il offre en outre l’occasion de réaliser une bonne action puisque Freia se définit comme une entreprise a but non lucratif qui reverse 25% de ses bénéfices à des fondations et 50% aux artistes eux-mêmes. Bref, passer quelques bons moments avec de la bonne musique entre les oreilles tout en soutenant des associations ne peut qu’être motivant...