Quand on parle de mix "metalcore" et "electro" la première chose qui vient en tête c'est 'Stick Stickly' de Attack Attack!, son clavier ultra kitsch et ses délires crabcore. Et malheureusement, le terme "métal japonais" qui nous évoque très vite les pires heures du Visual Kei et ses vocalises maniérées, ne fait rien pour nous rassurer sur ce Apocalyze. Mais Crossfaith ne fait pas dans l'excentricité gothique, ses membres semblant avoir bien plus écumé les salles d'arcade que les écrits de Lord Byron. En effet, la composante electro du groupe rappelle furieusement des musiques 8-bit des jeux vidéos qui ont bercés notre enfance ('Hounds Of The Apocalypse').
Ici, le mélange des genres est parfait. Guitares et claviers se doublent avec brio, déchainant des riffs furieux et volcaniques, tantôt dans un genre metalcore maitrisé ('We Are The Future', 'Countdown To Hell') et tantôt aux allures techno/electronica ('Eclipse' dont le thème rappelle 'Invaders Must Die' du dernier The Prodigy); ces parties là ne dénoteraient d'ailleurs absolument sur des vidéos où des personnages bien pixelisés se mettent sur la gueule. Crossfaith enrichit également sa musique de sonorités dubstep à la Skrillex, pour un rendu très lourd et agressif du meilleur effet ('Deathwish') venant soutenir les breaks les plus violents.
La composante métal de Crossfaith joue dans un registre plus classique, mais terriblement efficace. On retrouve une dynamique hardcore, sur 'Against The Wave' par exemple, des riffs ultra racés, des rythmique trash ('Countdown To Hell', le titre le plus métal de l'album). Crossfaith sait tout faire, même du rock heavy dans l'esprit de Three Days Grace ('The Evolution') en moins agressif mais plus massif.
Tout cet arsenal de guerre est bien sur supporté par le chant de Koie Kenta, très brutal et rentre-dedans mais bien maitrisé. Les lignes vocales appuient principalement la rythmique, au détriment de refrains catchys qui restent en tête, mais il est clair que ce n'est pas le but de l'exercice. On a tout de même le droit à une incartade chant clair sur 'Only The Wise', typique de la scène metalcore, ainsi qu'à l'intervention d'une chanteuse sur 'Scarlett', pour un rendu techno-house début 2000 pas franchement du meilleur effet.
Il restera qu'avec ce 'Apocalyze', Crossfaith confirme sa maitrise de la fusion métal / electro tout en durcissant ses compositions. Le groupe parvient à être très efficace, très cohérent et s'affranchit du côte "gadget" des mélodies techno. Un excellent album donc, qui ne souffre pas de défaut particulier, si ce n'est le besoin irrépressible qu'il procure de se défouler sur un Mortal Kombat.