Par quel bout prendre "La Découverte" ? Comment expliquer à nos lecteurs qu’un être torturé peut réussir à faire passer une palanquée d’émotions à travers une musique noire mais pourtant mélodique ? Un objet où un piano mécanisé croise des guitares saturées aux distorsions exacerbées sans que ces antagonismes s’opposent ? Une oeuvre où des chœurs féminins puisent leurs forces dans des rythmes mid-tempo – pour les plus soutenues - surlignés au violon ? Bref, rien de simple à la base.

Et pourtant, Emmanuel A arrive à compiler l’ensemble de ces éléments pour en faire un tout, certes très noir et déchirant mais fortement sympathique pour celui qui raffole de ces atmosphères émotionnellement difficiles à supporter. Maintes intros au piano (‘2001’; ‘The Eye’; ‘Symmetry Of Accident’; ‘Black White Chaos’; ‘Life Cycle’) finissent soit en duo vocal féminin/masculin, soit sur des rythmes laconiques que le violon magnifie de sa présence.

La voix monocorde d’Emmanuel trouve toute sa splendeur dans ses diverses modulations : éraillée et plaintive pour finir distordue et perdue dans des guitares saturées ou vengeresse énervée portant à elle seule toute la noirceur de la composition (‘Black Kiss’).

Les voix féminines apportent une touche soyeuse et contrastent en distillant avec parcimonie une lueur d’espoir dans chacune de leurs interventions. L’orgue aux accents graves de ‘Hello You Inside Me’ contraste pourtant légèrement avec le mid-tempo limite joyeux employé avant la déferlante (soyons sur la retenue tout de même) de ‘Disposable’,  composition la plus entraînante de "La découverte" cassée en son centre par un piano solitaire avant un final crescendo aux riffs déchirants de la 6-cordes.