Si certains vilains, malgré les pauses guerrières étudiées, voient leur vigueur sérieusement ramollir avec le temps, ce n'est pas le cas d'Endstille, au propos plus haineux que jamais. Avec ses treize ans d'âge, une éternité aujourd'hui, le blindé allemand fait pourtant presque figure de vétéran de l'art noir.
Une brutalité que rien ne vient éroder, associée à une expérience acquise grâce à de nombreuses batailles, commande une intensité décuplée. Si "Infektion 1813" laissait par moment entrevoir des fêlures à travers l'érection de quelques mid-tempos sinistres, "Kapitulation 2013" vient panser ces maigres failles en multipliant les assauts froids et barbares. C'est à une boucherie ininterrompue que les Allemands nous convient, près de 45 minutes durant, martelant un Black Metal fielleux aux allures de blitzbrieg.
Selon son habitude, Endstille ne fait ni prisonniers ni pauses. Mieux, il maintient tout du long une cadence effrénée que rien ne vient jamais enrailler. Ce faisant, le panzer fait montre d'une violence atavique, celle qui surgit lorsque l'homme est poussé dans ses derniers retranchements. Les relents Thrash de certaines cartouches, telles que 'The Refined Nation', que perfore un break implacable ou bien entendu la reprise de Sodom ('Blasphemer') participent de cette urgence, glaciale et tranchante.
Afin de briser une linéarité en maraude, la sous-division aime toutefois plaquer de lourds aplats qui alternent avec de furieuses attaques, capacité mortifère qu'illustre le ramassé 'KDF 511' dont les contreforts rampants sont ravagés par un déchaînement de feu et de sang, unique titre où les atmosphères pesantes priment sur cette violence survoltée coutumière.
Ces guitares granuleuses creusent de profondes tranchées, théâtre d'affrontements trempés dans le fer et dans la neige, celle de ce front russe qui sert de combustible à cet album, lequel ajoute une pierre supplémentaire à ce mémorial germanique qui a pu faire suspecter chez le groupe une idéologie douteuse dont il n'a que faire et qu'un crachat de l'acabit de 'Sick Heil', balaie d'un revers de riffs assassins.
Dans le fond comme dans la forme, Endstille ne prend pas de risque, fidèle à son imagerie belliciste et nationale, bombardant un Black Metal intense qui a la rudesse de cet hiver 1942 ayant vu la Seconde Guerre mondiale prendre un tournant majeur. De fait, "Kapitulation 2013" est un bon album, comme toujours, sans temps mort ni faiblesses. Il frappe juste et bien, prouvant enfin que ses auteurs ne sont pas prêts de rendre les armes. La capitulation, ce n'est pas pour eux, mais cela, on le savait déjà...