Le "club des 27", ou autrement dit la liste des artistes décédés de manière brutale et avec une coïncidence troublante dans leur 27ème année, tel est le thème du 6ème album studio de Magenta, pour lequel le trio Reed/Booth/Fry s'est adjoint les services du talentueux Andy Edwards (IQ, Frost*) derrière les fûts.
Après un Chameleon mi-figue mi-raisin, annoncé comme une parenthèse dans la carrière du groupe, Magenta nous propose donc une collection de 6 titres évoquant les destins funestes de Janis Joplin, Jimi Hendrix, Jim Morrison, Brian Jones, Robert Johnson et autres Kurt Cobain, tous décédés avant l'heure. Mais plus que le concept sous-jacent, c'est du côté de la musique que le groupe revient à ses basiques, en nous délivrant des morceaux longs, aux développements nombreux, portés à bout de cordes vocales par Christina Booth, et rappelant aussi bien Seven et Revolutions, que la fameuse New-York Suite.
Naturellement, Rob Reed et ses acolytes nous emmènent de nouveau vers des rivages où les références aux glorieux anciens, et notamment Yes et Genesis, s'avèrent nombreuses (c'est particulièrement flagrant sur Ladyland Blues). Les thèmes multiples présentent comme à l'accoutumée des arrangements très travaillés mais dont la complexité ne constitue pas un obstacle pour l'auditeur, tandis que les séquences instrumentales permettent aux trois "garçons" de rivaliser de technicité, mais sans jamais mettre de côté l'aspect mélodique du titre dans lequel ils évoluent.
Et lorsque Magenta met de côté ses aspects les plus progressifs, c'est pour nous délivrer une magnifique ballade en hommage à Janis Joplin, où la voix de Christina nous fait frissonner de plaisir (Pearl), tandis que Chris Fry tire de véritables larmes de sa six cordes dans un solo poignant, aux accents "gilmouriens" en diable. Parenthèse de courte durée avant que le monsieur ne fasse chauffer à nouveau le manche pour un incroyable Stoned qui, à l'image de The Lizard King, contient à peu près tous les ingrédients qui font le bonheur de tout amateur de rock progressif : musicalité, complexité, technicité et rebondissements multiples.
D'une richesse incroyable, ce nouvel album nécessitera plusieurs écoutes avant de pénétrer de manière durable le subconscient de l'auditeur. Au-delà d'un premier effet immédiat, le bonheur et les émotions vont venir s'immiscer petit à petit chez tout un chacun, démontrant s'il en était encore besoin que Magenta est non seulement un véritable groupe de rock progressif, mais qu'au-delà de cette simple étiquette, il fait tout simplement partie des très très grands de ce (petit) monde.