Phoenix Rising est ainsi l'assemblage à priori hétéroclite d'une musique héritée des années 70 portée par le sextet japonais, associée à la musique du futur distillée par un duo ayant évolué durant la même période à la pointe de l'avant-garde. Mélange détonnant en perspective, rapidement démenti par les premières impressions délivrées par l'écoute de Hinotori, première plage dantesque mixant des séquences électroniques répétitives soutenues par un duo de batteur exceptionnel, sur lesquelles Steve Hillage et son alter ego "Rovo-ïen", Siichu Yamamoto, viennent broder quelques banderilles issues du manche de leur 6 cordes, le tout agrémenté de quelques touches bienvenues de violon électrique. L'ensemble est tout simplement envoûtant, et augure d'une suite passionnante … laquelle ne viendra pas démentir cette mise en bouche judicieuse. Tout du long des cinq autres plages, l'ensemble ainsi constitué va promener l'auditeur dans un espace aux confins des deux univers de chacun, passant sans vergogne d'une plage "ambiant" évoquant les travaux initiaux d'Enigma (Love for the Phoenix), à une reprise psyché-jazz-prog du Mahavishnu Orchestra (Meeting of the Spirits), bien plus complexe à assimiler.

Mais le "cœur de métier" de cette première production commune va essentiellement se manifester sous la forme d'un space prog rappelant un Ozric Tentacles calibré pour les dance-floors, dont les trois plages suivantes sont les plus caractéristiques, basées sur des motifs répétitifs soutenus encore une fois par une rythmique efficace. Celle-ci prend d'ailleurs une tournure à la fois dérangeante et passionnante, lorsque sur le splendide Cisco, la 2è batterie vient se mettre en léger décalage avec la première, avant que progressivement les deux ne finissent par retrouver un rythme à l'unisson, sorte d'hommage au passé expérimental et avant-gardiste des membres des deux groupes ! Néanmoins, ce côté expérimental n'est jamais rebutant, l'aspect électro-ambiant venant tempérer les ardeurs, et laissant à l'auditeur une impression de confort acoustique rarement démentie.