Amateurs de douceur et d’amabilités musicales, passez votre chemin ! Avec le trio allemand de Schizofrantik, nous entrons avec ce cinquième album, “The Knight on the Shark”, affublé d’une pochette d’un mauvais goût assumé, dans le monde du contraste, du tellurique, souvent de la dissonance, et très occasionnellement de la mélodie posée (‘Thanx Dog’, en complet décalage par rapport au reste de l’album).
D’emblée, la qualité technique des musiciens est évidente, avec ce ton de fusion prog qui n’est pas sans rappeler les Polonais d’Osada Vida qui ne se complaisent pas non plus dans la facilité - les claviers restant ici beaucoup plus sommaires. Le nom du groupe (“Schizofrénétique”), ainsi que les titres des morceaux annoncent clairement la manière : ‘Tango meurtrier’, ‘Nazis sous LSD’, ‘Séquelles psy’ et autres ‘Merci mon chien’ ... En effet la musique du trio est contrastée, agitée, pleine de ruptures, usant de dissonances, déferlante, parfois éprouvante (‘Nazis on LSD’), difficile à appréhender tant l’auditeur se sent bousculé (malmené ?) d’une ambiance à l’autre. Par moments, ce coté légèrement expérimental peut rappeler certains groupes de rock progressif italien (Pandora, Syndone, Nichelodeon par exemple), qui ont fait de l’indiscipline leur marque de fabrique - avec un chant souvent plus typé que celui de Martin Mayrhofer, assez neutre.
Autant dire qu’avec cette débauche technique et son côté abrupt, l’abord de cette musique tourmentée n’est pas à mettre entre toutes les oreilles... Le côté décalé de certaines séquences (‘The Human Slaughter Tango’ et son accordéon) et l’utilisation de forts contrastes instrumentaux (‘Psychic Scars’) pourront intriguer, mais l’émotion a bien du mal à percer dans ce tourbillon d’ambiances torturées.