Bon, soyons sérieux deux minutes. Cela fait maintenant plus de 30 ans que Conan le Barbare et l'édition 2 de Donjons & Dragons sont sortis; même les warriors doivent s'arrêter à un moment. Ceux qui ont lu mes autres chroniques doivent le savoir, je ne suis pas un nostalgique. Je respecte énormément les grands classiques du rock et c'est toujours un plaisir de les écouter. Mais je crois fermement que le but que devrait rechercher tout musicien, c'est l'innovation et l'exploration musicale. Alors quand en 2013 on peut voir un album qui s'appelle "War Chant", une pochette kistch à souhait, une photo de promo avec des gars qui n'ont pas touché à leur permanente depuis les années 80, ça fait peur!
Le power metal doit être ce qu'on a fait de plus malfaisant en matière de musique extrème. Le power metal, c'est un peu le porno des guitaristes : vulgaire, faux, vide de sens. Prenez un truc comme Dragonforce. A trop écouter la musique de ce groupe, on pensera que pour faire un bon morceau, il faut plein de guitares qui jouent hyper vites, hyper techniques. Tout comme le porno fait croire que seuls les pénis de 30 cm ont le droit de vivre, le power metal semble croire que la vie n'existe pas à moins de 250 BPM.
J'étais parti pour faire sa fête à Thunder Tribe et son "War Chant". Par principe, avant même l'écoute, juste pour faire un exemple. Puis j'ai passé l'album, une fois pour découvrir. Puis une autre fois, par conscience professionnelle. Et une troisième fois, pour bien entendre la subtilité de l'intro de 'Believe'. Une quatrième, parce que le riff de 'Part Of The Black' me rappelle furieusement ce morceau que j'adore et dont je n'arrive pas à me rappeler. Et pour une fois, j'ai choisi d'écrire une chronique à la 1ère personne, en parlant en mon nom. Parce que je ne peux pas être objectif avec un album de ce style bien précis et que pourtant cette galette m'a surpris.
Mais c'est quand même du power metal. Il y a des solos à 200 à l'heure, sur 'More Wicked Than Not', il y a cette voix haut-perchée irritante qui sonnait bien quand la mode était aux vestes en jean à patch et que Paul Di'Anno avait encore des cheveux, ces balades un peu mièvres, évoquant des balades à cheval au clair de lune ('Say Goodbye'). Et en fait, c'est un album de power metal qui me fait apprécier le power metal. La complexité n'est pas toujours de mise, les soli savent se faire expressifs ('Part Of The Black' est un excellent morceau à cet égard). On retrouve des ambiances familières, amicales (le blues de 'Above The Blue', aux relents de 'Caravan Planet' de Black Sabbath). Et les choses sont faites avec spontanéité, un élément qui manque beaucoup sur cette scène. Prenez le dernier morceau, 'It's A Lie'. Il est ridicule avec ses allures de rock 'n roll joyeux et sautillant mais ils ont eu l'air de s'être fait bien plaisir à le pondre, alors ça passe. En plus, il donne lieu à un gros refrain à la Black Label Society dont personne ne se plaindra.
Clairement, "War Chant" ne deviendra pas mon disque de chevet, ni même ne me fera aimer ou changer mes a priori sur le power metal. Mais quand la musique est bien faite, quand elle ne se drape pas de prétention et qu'elle vise à s'exprimer et non à frimer, alors je me dois de le saluer.