Il y a bien longtemps que Within Temptation s’est éloigné du Métal Gothique de ses origines pour diversifier ses propos et s’orienter, de Métal Symphonique en Métal Mélodique, vers des contrées de mois en moins métalliques et de plus en plus Pop Rock. "Mother Earth" avait été un tournant, comme "The Silence Force" et "The Unforgiving", le dernier album en date, où la ligne Pop, voire Dance ('Sinead') avait été largement approchée. Cependant, grâce aux riffs assénés et aux arrangements symphoniques érigés en marque de fabrique, l’ombre métallique planait toujours sur les compositions, rendant bicéphales les productions des hollandais et, par là-même, déchainant moult oppositions passionnelles entre les adorateurs et les détracteurs du combo.
Cet "Hydra" qui arrive dans les bacs trois ans après son prédécesseur ne fera pas exception. Entre des duos improbables, des riffs plus pêchus que sur "The Unforgiving", le retour (même sporadique) des growls et l’abandon des trois ballades de rigueur, les critiques vont pouvoir s'en donner à coeur joie.
Les invités de Sharon et de ses comparses sont au nombre de quatre. Nous ne serons pas surpris de voir débarquer Tarja de plus en plus orpheline de Nightwish sur un 'Paradise (What About Us ?)' catchy au possible, doté d’un refrain commercial fédérateur et d’un pont « Métal Symphonique à chanteuse » comme on dit, rappelant que, tout de même, il y a des musiciens pas contents derrière elles. Nous ne serons pas non plus éberlués de voir Howard Jones, ex-chanteur de Killswitch Engage, venir se mêler à la bagarre en version « la bêle et la bête » sur un 'Dangerous' enlevé, mélodieux et vitaminé. Le troisième duo surprend un tantinet avec l’apparition de David Pirner, le chanteur de Soul Asylum, sur un 'Whole World Is Watching' émouvant et soutenu d’orchestrations plein d’emphase. Le dernier duo peut, quant à lui, effrayer à la base, puisque Xzibit, rappeur devant l’éternel, vient pousser la chansonnette sur l’easy-listening 'And We Run'. L'intervention du gaillard est toutefois ici plus proche de la Pop que du Rap - bien que le texte soit scandé - ce qui rend l’essai moins anachronique qu’il n’y paraît de prime abord.
Pour les six autres titres, on retrouve un Within Temptation classique dans le registre Power ballade Pop Métal avec un 'Let Us Burn' enlevé et puissant ou alternant l’émouvant et le grandiloquent sur un 'Edge Of The World' un peu moins inspiré et sur un 'Silver Moonlight' plus dynamique, une fois les propos lancés, au point de contenir quelques growls disparus du registre des hollandais depuis bien longtemps. La patte du combo est encore présente sur 'Covered By Roses' qui fait la part belle à la rythmique et laisse encore une fois des traces mélodiques addictives dans les esprits, sur le mid-tempo 'Dog Days', catchy également et blindé de chœurs renforçant cette impression et le heavy 'Tell Me Why', titre le plus musclé de l'opus mais qui n'oublie pas la touche mélodique accrocheuse habituelle.
Voilà donc, une fois de plus, un album qui va déclencher une volée de controverses mais qui, par son côté radio-friendly, va incruster, avec encore plus de poids à n’en pas douter, Within Temptation dans le parterre des groupes qui permettent au Hard Rock de se faire une place au soleil chez les mélomanes d’autres horizons.